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Mettre tant d'humanité dans un roman se déroulant dans le milieu carcéral, avec comme personnage principal une jeune femme/mère condamnée à une double perpétuité, c'était une gageure !

Et bien le pari est réussi, ce livre m'a bouleversée, enthousiasmée, révoltée, attristée, m'a fait sourire, pleurer, m'a poussée à relativiser, à réfléchir.
M'a profondément émue.

Il est difficile de raconter en quelques mots ce roman alors je vous parlerai de l'écriture de l'auteure qui a su faire passer tant d'émotions, d'humanité et de sensibilité dans son livre.
La parole est donnée essentiellement à la jeune héroïne qui se raccroche à l'existence de son jeune fils ( confié à sa grand-mère maternelle), pour tenir et trouver à son existence carcérale un but qui la ferait survivre.

Il y a aussi les paroles croisées de deux amants maudits, dans deux prisons différentes, qui se dénigrent et s'accusent mutuellement de la déchéance de leur vie.

On est touché par les violences, les non-dits, le quotidien sans lumière de ces prisonniers qui ne retrouveront pas leur liberté, mais aussi par les concessions, les arrangements, les situations humiliantes et/ou déshumanisantes, que ponctuent pourtant des moments de vrai partage, de petites joies, d'amitié. Heureusement.

Car lorsqu'elle apprend que son fils n'a plus sa grand-mère, décédée dans un accident, Rachel l'héroïne, perd ses repères, ses espoirs et ce qui la faisait tenir : et là, franchement, je me suis demandée comment elle faisait pour ne pas baisser les bras et se résigner, comment accepter une vie sans but et sans visite, sans plus rien qui vaille la peine de s'accrocher.
C'est donc une héroïne forte et oui, très attachante, qu'on suit dans ce roman. On ne peut se détacher de son parcours, de ses espoirs, de ses décisions qu'on se surprend même à valider...

Enfin, la parole est également donnée à un jeune enseignant qui tente d'humaniser la prison en passant par la littérature, voire la lecture et le partage de lectures. Innocent mais pas naïf, humain mais inhibé, il se débat entre son empathie pour les prisonnières et l'éthique.

Tous ces personnages évoluent dans des décors réalistes de villes et quartiers populaires, où on sent bien que la misère ne leur laisse pas beaucoup de chances d'échapper à la violence psychique et physique. Ces descriptions de villes, qu'on pense connaître, mettent à mal nos clichés et fantasmes sur les villes américaines. Et c'est dérangeant mais passionnant.

Un roman que j'ai adoré, vous l'aurez compris, très bien écrit, et surtout montrant dans l'écriture, l'intrigue, la forme narrative et les descriptions un vrai talent de la part de l'auteure et une humanité extrêmement touchante.

Un grand merci aux éditions Stock et à NetGalley pour la découverte de cette auteure et de ce magnifique roman de la rentrée littéraire.




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Romy Hall, 29 ans, est condamnée à deux peines d'emprisonnement à perpétuité pour avoir tué l'homme qui l'harcelait.

Le récit commence avec un transport de prisonnières vers la prison de Stanville où Romy Hall doit être incarcérée. Au cours de ce transport une jeune fille de quinze ans, enceinte, se sent mal. Dans ces toutes premières lignes, nous sommes plongés dans l'ambiance sans humanité, non seulement de la part de l'administration pénitentiaire américaine, mais aussi des détenues entre elles…

C'est vers la prison de Stanville que se dirige le fougon cellulaire. La description de la localité fait froid dans le dos et donne un avant-goût de la prison :

"Quand on tape Stanville sur Google, des visages apparaissent: des photos d'identité judiciaires. Après les photos, c'est un article signalant que Stanville a le pourcentage de smicards le plus élevé de l'État. L'eau de Stanville est contaminée, l'air est pollué. La plupart des commerces ont fermé. Il y a des magasins à bas prix, des stations-service qui font office de points de vente d'alcool, et des laveries automatiques. Les gens qui n'ont pas de voiture marchent dans la rue principale en fin d'après-midi, à l'heure la plus chaude de la journée, quand il fait quarante-cinq degrés. Ils marchent dans le caniveau, poussant des caddies vides dont le bruit de ferraille déchire la torpeur ambiante. Il n'y a pas de trottoirs. Stanville et sa prison sont synonymes."

Romy Hall a un fils âgé de sept ans, Jackson, gardé par sa mère depuis son incarcération. Il est son seul souci, la seule pensée à laquelle se raccrocher dans son naufrage.

Les codétenues de Romy Hall présentent toute une palette de personnalités déplaisantes ou attachantes.

L'auteure, sans excès de sensibilité mais avec une extrême humanité, nous décrit les petites joies, la tristesse, et la colère des détenues.

Le récit s'entrecroise entre la vie carcérale de Romy Hall et sa vie avant la prison, avec également les espérances et les échecs de ses compagnes de détention.

Nous faisons également un saut dans le passé avec le San Francisco des années 80, le temps de la jeunesse de Romy.

Nous rencontrons des personnages attachants comme Gordon Hauser, enseignant dans la prison qui est attiré par Romy à qui il offre des livres et un personnage repoussant, Doc, flic ripou, assassin et dont nous découvrons les crimes.

Ce roman, malgré son éclairage cru du système carcéral américain, est également poignant.

Arrivé à la dernière page impossible de ne pas avoir la gorge serrée.

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Romy Hall a été condamnée à deux peines à perpétuité, plus six ans, après un simulacre de procès. En effet, elle n'a pas été entendue et elle n'a pas pu expliquer les circonstances qui l'ont conduite à tuer un homme. Strip-teaseuse dans un club, elle était harcelée par un client. Elle a un enfant de sept ans, qui est confié à la mère de Romy, jusqu'au jour où...


Romy raconte la vie dans la prison, avec les règlements parfois absurdes, les surveillants qui profitent de leur pouvoir et les codes entre prisonniers. Elle relate aussi sa vie avant le meurtre. Depuis son enfance, sans entourage protecteur et aimant, livrée à elle-même. Son récit permet de comprendre la suite inéluctable qui l'a menée à son incarcération.


De nombreux personnages gravitent autour de Romy. Pour certains, leur passé est livré et pour d'autres, nous n'avons que des indications.


Le récit montre que quel que soit le crime commis par des meurtrières, la majorité reste des mères. Ce qui est le plus difficile à vivre, c'est non seulement la séparation, mais aussi l'avenir de leur enfant. Qui va prendre soin de lui ?


Comment continuer à vivre lorsque l'on sait qu'on ne sortira jamais de prison ? A quoi se rattacher ?


J'avais très envie de lire le Mars Club et je remercie les Éditions Stock et Netgalley de me l'avoir permis. C'était un livre qui avait tout pour me plaire. Cependant, cela a été une lecture en demi-teinte pour moi...



La suite sur mon blog

Lien : http://www.valmyvoyoulit.com..
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Le Mars Club de Rachel Kushner démarre dans un bus du DOC (Department of Corrections) américain en route pour la prison pour femmes de Stanville, au sud de la Californie. Romy Leslie Hall y est transférée après avoir été condamnée à deux peines d'emprisonnement à vie, plus six ans. L'aberration de la durée de sa peine est à l'image du traitement qu'elle va recevoir. Aux Etats-Unis, les détenus n'ont que très peu de droits, et on leur rappelle en permanence la raison de leur sort, quelle que soit la gravité du crime commis.

La narratrice alterne son récit en prison de courts épisodes de sa vie à San Francisco, qui permettent au lecteur de la connaître, et de comprendre comment et pourquoi elle a pu se retrouver ici. Sur son chemin, elle croise beaucoup de femmes comme elles ; des femmes qui n'ont pas eu beaucoup de chance dans la vie, n'ont pas rencontré les bonnes personnes, ont fait des mauvais choix mais souvent parce qu'on ne leur avait jamais aiguillé les bons, et qui finissent en prison par fatalité. Pour ces femmes, la prison est à peine un accident de parcours, c'est presque un passage obligé.

Le Mars Club de Rachel Kushner est un roman foisonnant où les personnages sont abrutis par leur sort et par l'univers destructeur de la prison. Il n'y a rien de caricatural ; les personnages comme les situations sont toujours complexes, faisant au passage le portrait d'une Amérique pleine de contradictions. Bien plus qu'un simple roman sur la détention et la justice, le Mars Club de Rachel Kushner est un roman sur les perversités d'un pays où règne l'image du self-made-man. Un roman prenant, bien écrit et qu'on ne lâche pas avant la fin !
Lien : http://laroussebouquine.fr/l..
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Le Mars Club de Rachel Kushner est un roman de la rentrée littéraire découvert grâce aux éditions Stock via net galley.
Le Mars Club m'a permis de côtoyer le monde carcéral le temps de ma lecture. Romy Hall, 29 ans, vient d'être transférée à la prison pour femmes de Stanville, en Californie. Cette ancienne strip-teaseuse doit y purger deux peines consécutives de réclusion à perpétuité, plus six ans, pour avoir tué l'homme qui la harcelait. Dans son malheur, elle se raccroche à une certitude : son fils de 7 ans, Jackson, est en sécurité avec sa mère. Jusqu'au jour où...
Je n'en dirais pas plus, car j'ai apprécié de lire ce roman sans en connaître plus auparavant.
Le Mars Club est un très bon roman.
J'ai aimé les différents personnages, à commencer par Romy. J'ai apprécié le fait que ça se déroule en partie en prison mais également dans le San Francisco des années 80. L'ambiance m'a plu.
J'ai aimé ce roman de la rentrée littéraire 2018, je trouve qu'il mérite un joli quatre étoiles :)
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Si on m'avait dit que je me passionnerais pour un roman dont l'intrigue se déroule essentiellement en prison... Ce n'est pas un univers qui m'inspire en général, ni en littérature, ni au cinéma. Mais si le roman de Rachel Kushner m'a embarquée c'est, je crois, pour ce qu'il raconte de la société américaine en utilisant le prisme du monde carcéral, donnant ainsi à voir une réalité bien plus percutante et nuancée. Avec des personnages toujours en équilibre précaire, sur un fil. Forts et faibles à la fois. Terriblement humains.

L'héroïne est une jeune femme de 29 ans, Romy Hall qui rejoint la prison de Stanville en Californie. Elle a été condamnée à deux peines de réclusions à perpétuité pour avoir tué un homme qui, selon elle, la harcelait. Un de ses anciens clients lorsqu'elle se produisait au Mars Club, un club de striptease de San Francisco. Son fils de sept ans, Jackson vit désormais chez la mère de la jeune femme. Mais lorsque cette dernière meurt subitement, Romy mesure toute l'étendue de son impuissance. Que reste-t-il à espérer de la vie quand aucune autre perspective que l'enfermement n'existe ? Comment rester humain malgré tout ?

Au fil de l'intrigue, nous suivons la vie de Romy et de ses codétenues avec une foultitudes de figures à la fois très détaillées, riches et attachantes, même dans ce qu'elles ont de plus dur ou violent dans leur comportement. Et nous remontons le temps pour explorer le chemin qui a mené Romy dans cette impasse, dans le San Francisco des années 80, celui des paumés, à la traîne du rêve américain. A commencer par la nécessité de nourrir son fils, qui la conduit tout droit au Mars Club, à se déshabiller pour quelques billets et la possibilité d'adapter ses horaires à ses contraintes familiales. Et avec le parcours de Romy, c'est toute la question des violences faites aux femmes qui irrigue le récit.

Mais il y a une autre figure forte dans ce roman. Celle d'un homme, Gordon Hauser qui vient enseigner la littérature aux prisonnières volontaires ; qui croit au pouvoir de la lecture bien plus qu'en la nature humaine. Un homme à la psychologie complexe, en dehors de toute naïveté, confronté à un monde dont il connait les côtés les plus noirs au point de préférer la compagnie des grands auteurs, à commencer par Dostoïevski à celle de ses congénères. Un très beau personnage, dont le regard sur le monde est nourri de ses observations autant que de ses lectures et dont on sent toute la difficulté à supporter le poids de plus en plus lourd de cette charge.

"A force d'être employé, le mot violence était vidé de son sens, c'était devenu un terme générique, et pourtant il avait encore du pouvoir, encore une signification, de multiples significations. Il y avait des actes de violence brute : battre quelqu'un à mort. D'autres formes plus abstraites : priver des gens de boulot, de la sécurité d'un toit, de bonnes écoles. D'autres enfin se déployaient à grande échelle : la mort de dizaines de milliers d'irakiens en une seule année à cause d'une guerre perfide, basée sur le mensonge et l'incompétence, un gâchis qui risquait d'être sans fin mais, d'après les procureurs, les vrais monstres étaient les adolescents tels que Button Sanchez".

Oui, à travers ce roman d'une puissance tout en subtilité, c'est bien la société américaine que l'auteure ausculte, une société où affleure la violence sociale, conséquence directe d'un modèle basé sur l'individualisme. Un thème exploré par de nombreux auteurs mais que Rachel Kushner renouvelle avec force et talent avec ce voyage au coeur de la privation de liberté où chaque individu continue à lutter pour préserver une petite étincelle de vie, sinon d'humanité.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Romy Hall, 29 ans, a été condamnée à la perpétuité pour meurtre. Transférée au centre pénitentier pour femmes de Stanville, en Californie, elle fait la connaissance des autres détenues, Conan, Sammy… Tout en se remémorant le parcours qui l'a conduite là, son passé de camée et son boulot de trip teaseuse au Mars Club, elle se raccroche à l'idée que son fils Jackson, 7 ans, est avec sa mère, en sécurité. Lorsqu'elle apprend la disparition de celle-ci, Romy n'a plus qu'une obsession : savoir où se trouve son petit garçon…

La photo de Nan Goldin qui illustre « le Mars Club » donne le ton : cette photographe suivait et retraçait dans les années 80 le quotidien d'une population perdue d'avance, d'une certaine Amérique à la marge, sans place (ou très peu) pour l'espoir, et peu de chances de rédemption. Rachel Kushner va encore plus loin dans cette veine noire puisqu'elle nous plonge au sein d'une population carcérale composée de personnalités souvent cruelles ou généreuses, parfois attachantes ou effrayantes, qui n'ont plus rien à perdre. Quel sens donner à sa vie lorsque l'on sait que l'on ne sortira jamais de prison ? Encore plus, lorsque l'on sait que le le chaos dehors est tel que l'on préfère rester enfermé ?

Sans jamais tomber dans le misérabilisme mais en dressant un terrible constat sur l'envers du rêve américain, l'auteure décrit de façon si détaillée le fonctionnement de la vie en prison, ses réseaux, ses codes, son vocabulaire, que l'on se sent enfermé avec ses inoubliables héroïnes, entre sentiment de résignation et rêve d'évasion.


Lien : https://cestquoicebazar.word..
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Une lecture passionnante, addictive, mais terrible. On découvre le monde sans pitié des prisons américaines et celui de la vie de pauvres gens à San Francisco dans les années 80.
Un portrait sans concessions des travers du système judiciaire des États-Unis à cette époque-là
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Le Mars Club est une peinture du milieu judiciaire et carcérale réaliste et terrifiante. Si on retrouve là un petit coté « Orange is the new black » (par les petites touches d'humour, le ton ironique et surtout les retâtions entre les détenues) on garde tout de même constamment à l'esprit l'aspect dramatique des faits. Romy est loin d'être une mauvaise personne et, malgré son passé, on se prend tout de suite d'affection pour cette jeune femme intelligente. Et forcément sa situation a quelque chose de terriblement injuste....................................
Lien : https://libre-r-et-associes-..
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