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Critique de Annette55


C'est le titre étonnant et le plaisir de re- découvrir les Éditions Picquier , synonyme de qualité, qui m'ont incitées à choisir ce livre.

Cet ouvrage nous plonge au coeur de l'Histoire de la Chine, au moment où celle- ci, le Japon et la Corée étaient en guerre dans la première moitié du vingtième siècle ——ces contrées lointaines ——avant l'invasion par la Russie...

Où comment mêler habilement l'art de la guerre ——-avec ses souffrances, ses horreurs , la terreur , les tortures, les exactions atroces commises par l'armée japonaise, la prostitution forcée de jeunes coréennes, l'enfer de ce monde alors rempli de flammes , les camarades mourant dans un bain de sang ? ———et l'art de la cuisine , ses plats rares aux saveurs inégalables, des plats délicieux censés concentrer mille saveurs, ses ingrédients raffinés et exotiques ,  « la LANGUE  » , goût de la cuisine asiatique porté à son paroxysme comme une oeuvre d'art par CHEN , fameux cuisinier rebelle, qui connais une ribambelle de recettes cantonaises et de l'ethnie Yi, génial et inspiré pour qui les mains sont un outil, où le COUTEAU n'ôte pas la vie mais se fait obéir , pour qui le champ de bataille est un simple billot de bois ....

Chen sera enchaîné dans la cuisine de la cantine des officiers torturé , perdra une partie de sa langue: n'en disons pas plus...


Chacun des personnages nous livre ses pensées au fil dramatique des événements.
:YAMADA OTOZÔ , commandant japonais qui rêvait de devenir instituteur, fin gourmet et lettré voue et conjugue haine et/ ou / amour de la cuisine à Chen, originaires tous deux, bien sûr de camps ennemis....

KILSON, née à Chongjin , dans la province du Hamgyeong, , beauté coréenne typique, aux mains frêles, au sourire timide et sensuel , violée par son frère SEOK’, faite prisonnière , femme de «  réconfort pour soldats , enlacée par une multitude , à qui on avait fait miroiter du travail en usine dans le Sud de la Chine...
La guerre , cette folie des hommes...

L'originalité de ce livre riche est de mêler habilement la culture Asiatique : , famille et transmissions , place et rôle des femmes , gastronomie et fêtes traditionnelles,: courses de chevaux , tirs à l'arc, lutte, et les saveurs inédites de la cuisine pour oublier un instant cette guerre meurtrière , plats nouveaux , canard pékinois farci de paillettes d'or,Légumes assaisonnés à point , viande mijotée et/ ou épicée, soupes à base de bouillons de viande odorants , nombreuses sauces , festins , banquets qui durent deux jours,...
Le lecteur côtoie aussi PUYI ,dernier Empereur fantoche de Chine, au discours assommant ...

L'auteur à l'aide d'une écriture imagée , vive , alerte, effectue un travail de mémoire pour ne pas oublier cette période douloureuse, ne nous épargne pas les horreurs de la guerre mais magnifie la gourmandise et les riches saveurs au coeur de ce roman complexe ,( il faut se remettre dans le contexte de l'époque ) .
Ne pas perdre le fil de la construction et des termes non traduits du Coréen.
A travers le vocabulaire et les images de la cuisine , héroïne de ce récit, ce menu coloré , fort, brillant est aussi un brûlot contre les guerres .

Bravo à l'auteur que je ne connaissais pas, né en 1970 à Cheongju, auteur de nouvelles et romans : son ouvrage est en cours d'adaptation pour un drama télévisé et un film.

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