Yann Doutreleau a 10 ans. Il est le septième et dernier enfant d'une famille vivant dans la précarité, composée aussi de trois paires de jumeaux. Yann est différent des autres, il est chétif et ne parle pas. Mais surtout il est intelligent et comprend tout. C'est pourquoi lorsqu'une nuit il entend que son père veut « les tuer tous les sept », il prend l'initiative de fuir et prend la place de leader de ce petit groupe âgé de 10 à 14 ans. le voyage commence vers l'Ouest. Au cours de leur périple, les frères vont croiser différentes personnalités : un routier qui les prend en stop, un écrivain ou encore une boulangère qui leur offre du pain, ceux-ci les rapprochant toujours plus de leur quête ultime : l'océan.
C'est seulement à quelques pages de la fin que l'on se rend compte que la fugue organisée s'est basée sur un quiproquo : « je vais les tuer tous les sept » était une phrase destinée à une portée de chatons ! le dernier témoignage est celui d'un marin qui retrouve Yann sur son bateau, direction l'horizon, quittant la brutalité pour la liberté.Jean-Claude Mourlevat est un romancier français connu notamment pour ses ouvrages destinés à la jeunesse. Plusieurs d'entre eux ont même été récompensés par des prix littéraires ou recommandés par le Ministère de l'Éducation Nationale.
L'enfant Océan, paru en 1999 aux éditions Pocket Jeunesse, maison d'édition particulièrement spécialisée dans la publication d'ouvrages destinés aux 3 à 15 ans, est son septième roman. L'auteur indique qu'il s'est en partie inspiré de son enfance à la ferme, mais surtout de
Charles Perrault pour écrire ce livre.
Ce qui fait la force de cet ouvrage, ce sont les témoignages : les récits des différents protagonistes s'enchaînent, chacun formant un chapitre caractérisé par le tempérament du personnage qui ra
conte sa version de l'histoire. Par exemple le récit du père est familier, rude, le vocabulaire adapté à sa condition et son caractère. Celui de l'écrivain est plus soutenu mais aussi teinté de réflexions humoristiques ou encore les récits des jumeaux qui sont plutôt semblables.
Je crois que j'avais l'âge de Yann lorsque j'ai lu ce roman pour la première fois. Je me rappelle avoir été touchée par cette adaptation libre du Petit Poucet, par cette fratrie soudée qui cherche à fuir la précarité de leur situation. Au coeur d'un récit poignant, quelques propos légers nous font sourire. On se dit que finalement, on n'était pas si mal chez nous quand on avait dix ans.
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