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Critique de Apoapo


Face à une thématique "universelle" et partagée, il est aussi difficile qu'utile de relativiser les propres vérités de son temps et de son expérience. C'est à ce sain exercice que nous convient ces illustres historiens. Et le résultat est certainement dépaysant, par la variété des modèles moraux, sociaux et matériels de la sexualité conçus par nos aïeux, et éclairant dans la mesure où il contribue à nous monter comment nous en sommes venus là où nous sommes, parfois par des voies plutôt tortueuses.
Les différentes plumes et les diverses approches ne gênent pas l'homogénéité de la prose qui, comme le relève justement Maroni, est limpide comme le serait celle d'un bon roman. Une vue d'ensemble montre en outre une convergence entre plusieurs chapitres vers la thèse que le point de rupture fondamental, en France, doit être superposé à la fin de l'Ancien Régime, correspondant grosso modo au début du contrôle de la natalité (compte tenu du fait que l'âge du mariage était déjà majoritairement fixé, dans cette partie d'Europe, bien au-delà de la puberté). Plusieurs contributions portant sur des auteurs littéraires (George Sand, Oscar Wilde, etc.) ont apporté un souffle roboratif à l'essai, qui eût pu être trop inspiré d'une méthodologie de type "Annales". J'ai apprécié aussi le choix d'une chronologie qui nous accompagne pratiquement jusqu'au seuil de notre propre temps, caractérisé par le recul progressif (encore que non linéaire...) de l'homophobie - et non pas par l'avancement du féminisme, comme on pourrait le penser à tort.
Cependant j'ai été déçu par l'approche très fortement euro-centrée de l'exposé, sans aucun rappel des apports des civilisations frontalières qui sont certainement venues en contact avec la nôtre (mésopotamo-judéo-hellénico-romano-chrétienne) à différents moments. Je suis également surpris que la Réforme et surtout la Contre-réforme n'aient pas été considérées, alors que je les croyais porteuses d'un impact certain sur la perception de la sexualité ou tout au moins du corps (mais je ne sais pas au juste d'où me vient cette conviction). Jean-Louis Flandrin et Michel Foucault, abondamment cités, auraient peut-être également pu être convoqués.
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