Cet échange, premier du genre, préluda à un rituel confiant à la nuance de leurs voix la lourde tâche de prolonger leur connivence. Ainsi, plusieurs soirs de semaine, la jeune femme composa ce numéro que ses doigts pianotaient à toute vitesse. Pour parler de tout et de rien. Leurs intonations devinrent si familières qu'ils se devinaient à distance, usant, au gré des sujets, de chuchotements dont ils avaient l'illusion de sentir le souffle dans l'oreille. Pour Camille et Alexandre, ce post-scriptume téléphonique s'était transformé en une friandise.
Le feu était allumé dans leur mémoire et ils se mirent à consommer comme une drogue dure cet amour, toujours blanc après tout ce temps qui s'envolait en les narguant. Les messages de Quasimodo se firent plus abondants, plus enflammés. Les coups de fil d'Esméralda plus longs, chaque soir d'une cabine différente dans l'angoisse d'être aperçue par quelque connaissance susceptible d'informer Rémi de cette étrangeté.