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Critique de PrinceEndymion


En 1678, La Princesse de Clèves paraît anonymement chez l'éditeur parisien Claude Barbin. Cependant, le public habitué aux salons reconnaît sans peine son auteur, Madame de Lafayette. Au risque de surprendre beaucoup d'entre vous, je fais partie des rares lycéens qui ont su apprécier cette oeuvre (j'étais en filière L, c'est peut être pour ça). Car, une héroïne aussi vertueuse, aussi exemplaire dans sa conduite comme l'est Mme de Clèves, est quelque chose d'inédit dans notre littérature contemporaine. À mes yeux, ce roman est tout ce qu'il peut exister de sublime au monde: une rédaction épurée, une intrigue palpitante et déchirante et des personnages étonnamment vraisemblables et romanesques. Mais je digresse, pardonnez-moi. Âgée de seize printemps, la délicate Mademoiselle de Chartres épouse le prince de Clèves pour lequel elle a beaucoup d'estime. Toutefois, ce mariage n'engendre aucun amour chez l'héroïne. Un soir, à l'occasion d'un bal donné par la Dauphine (l'intrigue se déroule à l'époque des Valois), Mme de Clèves fait la connaissance du Duc de Nemours avec lequel elle danse. de cette rencontre va naître une passion que l'héroïne va tenter de dompter tout au long de l'intrigue...
Avec un schéma narratif qui n'est pas sans rappeler le déroulement d'une tragédie classique, Madame de Lafayette nous offre une analyse détaillée des sentiments de ses personnages, gráce à des passages remarquablement bien construits (la rencontre au bal, le portrait dérobé et bien entendu l'aveu sont mes favoris). Pour les lecteurs que nous sommes, cet ouvrage est également l'occasion pour nous de voir comment était la vie dans ce milieu de cour, où chacun était observé (en particulier les femmes). En effet, après s'être rendue compte des sentiments qu'elle porte au Duc de Nemours, Madame de Clèves fait tout ce qui est en son pouvoir pour ne pas se trahir, et surtout, pour ne pas éclabousser d'opprobre son époux. N'est-ce pas là la quintessence du sublime inhérente au classicisme et à la préciosité? En dépit des années qui se sont écoulées, je frémis toujours lorsque je lis la scène de l'aveu:

"Eh bien, Monsieur, lui répondit-elle en se jetant à ses genoux, je vais vous faire un aveu que l'on n'a jamais fait à son mari, mais l'innocence de ma conduite et de mes intentions m'en donne la force. Il est vrai que j'ai des raisons de m'éloigner de la Cour et que je veux éviter les périls où se trouvent quelquefois les personnes de mon âge. Je n'ai jamais donné nulle marque de faiblesse, et je ne craindrais pas d'en laisser paraître si vous me laissiez la liberté de me retirer de la Cour, ou si j'avais encore Madame de Chartres pour aider à me conduire."

Et que dire de la scène de la canne ornée de rubans, lors de la retraite de Madame de Clèves à Coulommiers? Ce passage lors duquel Monsieur de Nemours reconnaît en voyant les rubans les couleurs qu'il avait arborées lors d'un tournoi où Madame de Clèves était présente! C'est tout à fait éblouissant. Hormis les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, je ne crois pas qu'il puisse exister un roman capable de me donner tant d'émotions que La Princesse de Clèves. Voilà une oeuvre qui fait partie intégrante de notre identité nationale, que nous nous devons de connaître, peu importe si elle nous plaît ou non. Plus qu'une oeuvre intemporelle, c'est un manifeste littéraire qu'abrite La Princesse de Clèves, devenue légendaire grâce à la beauté éthérée de Marina Vlady, et à l'idéal de femme vertueuse que le roman à laissé. C'est bien simple, bien avant que Stendhal, Balzac ou encore Hugo ne laissent les oeuvres splendides que nous connaissons, le code du roman se trouvait dans La Princesse de Clèves.
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