AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Amy_


Ah Madame de Lafayette, un monument incontournable de notre littérature française, adolescente alors que je passais le bac, j'avais été hypnotisée par son oeuvre « La Princesse de Clèves ». Il s'agit sans conteste de l'un de mes classiques préférés. J'étais donc confiante à l'idée de lire cette petite nouvelle. Malheureusement, je n'ai pas accroché.

Je connaissais déjà cette histoire puisque j'ai vu le film de Bertrand Tavernier que j'avais beaucoup aimé. Tout naturellement, je pensais que cette nouvelle apporterait plus d'approfondissement sur les pensées des personnages, et notamment la Princesse. Ce sont ses émotions que je souhaitais voir mises en avant, ainsi que celui des hommes qui gravitent autour d'elle, pourtant, ça n'est jamais venu. J'ai conscience de l'époque à laquelle ça a été écrit et qu'il existe une certaine pudeur dans les sentiments, cela dit, j'ai trouvé la Princesse de Clèves plus démonstrative dans ses désillusions, ses doutes, ses peines et sa morale. Pour la Princesse de Montpensier, il n'en est rien, j'avais l'impression d'être une simple spectatrice, extérieure et détachée de tout ce qui se passait. J'avais cette sensation que Madame de Lafayette se contentait d'aller d'un point A à un point B, sans parvenir à raconter l'histoire de ses personnages. Pourtant, vu le nombre d'hommes qui succombent aux charmes de la Princesse – son époux, le prince de Montpensier, le Duc de Guise, le duc d'Anjou et enfin le comte de Chabannes – combiné à un contexte historique extrêmement riche (guerre de religion entre protestants et catholiques, avec le célèbre et triste massacre de la Saint Barthélémy), ça aurait pu être palpitant. En fin de compte, il y a très peu de démonstration dans le récit, les amours contrariés de la Princesse sont à peine effleurés, je n'attendais pas à avoir des scènes explicites ou détaillées, comme je l'ai dit, l'époque ne s'y prêtait pas, et je ne lis pas ce classique dans cet intérêt. Mais j'espérais plus de démonstration, plus d'approfondissement au niveau des sentiments de la Princesse, seuls ceux du comte de Chabannes sont développés, et c'est d'ailleurs l'unique personnage qui a suscité mon intérêt et ma sympathie. Les autres me sont apparus fades et sans consistances tant les choses vont vite. J'ai conscience encore une fois que ce type d'ouvrage était révolutionnaire à son époque, car l'on ne s'attardait pas autant sur les amours des femmes, et encore moins à leur psychologie, mais il est vrai que pour la lectrice moderne que je suis, je suis restée sur ma faim. Et c'est rare que j'en arrive à ce genre de conclusion, mais j'ai largement préféré le film, qui a su comprendre entre les lignes de cette nouvelle et a retranscrit avec justesse les destins tragiques de ses protagonistes.

En ce qui concerne la plume, il est vrai qu'elle est lourde, mais il s'agit d'un roman qui s'inscrit dans le mouvement littéraire des précieuses et du classicisme, donc rien d'anormal en somme. Même si c'est parfois un peu pompeux, quand je lis cette autrice c'est justement pour retrouver ce style. J'ai également bien aimé le contexte historique, c'est une partie de l'histoire, aussi triste soit-elle qui est toujours aussi intéressante à découvrir. Mais en dehors de ces aspects, je suis restée hermétique à tout le reste.

Pour conclure, je ressors franchement déçue par ma lecture, je trouve que nous sommes bien loin du chef d'oeuvre de la Princesse de Clèves, et si vous souhaitez découvrir Madame de Lafayette, je ne saurais que vous inciter à commencer par celui-ci et non pas par cette nouvelle. Malheureusement, cet enchainement d'évènements sans grande démonstration avant le dénouement tragique m'a empêchée d'être imprégnée dans l'histoire et je n'ai pas été convaincue. Je dois dire qu'en tournant la dernière page, la phrase moralisatrice qui tombe comme un couperet n'a fait qu'amplifier ma déception. Nous l'avons bien compris, vertu et prudence sont essentielles au bonheur pour Madame de Lafayette.
Commenter  J’apprécie          134



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}