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Critique de MarieC


MarieC
15 septembre 2015
Une autobiographie, déjà un peu ancienne (publiée en 1994) de la comédienne Emmanuelle Laborit, première sourde à obtenir un Molière pour son rôle dans "Les enfants du silence".

Dans cette autobiographie, publiée à chaud, la comédienne veut se faire la porte-parole d'une communauté méconnue et maltraitée, celle des sourds. Une communauté fraternelle, heureuse de vivre, mais qui porte le handicap le plus gênant socialement, puisqu'il ne se voit pas, se mesure mal, et est très peu pris en compte : le livre fourmille d'exemples, parfois choquants. Parfois, et c'est pire, ce sont simplement des négligences. Je citerai l'absence de sous-titrage des discours d'hommes politiques en campagne, qui ne donne accès qu'aux propositions de ceux qui articulent le mieux... ou encore le manque d'informations sur le SIDA accessibles aux sourds.

Les souvenirs de sa petite enfance sont également passionnants, et assez uniques : elle raconte les angoisses et l'enfermement d'une personne qui ne peut pas communiquer.

Plus intéressant encore, avec le recul, Emmanuelle Laborit raconte un épisode de la prise en compte de la surdité : le débat des années 70 et 80 sur la langue des signes. Dans l'enfance de l'auteur, la langue des signes est décriée, voire interdite en France : elle enfermerait les sourds dans leur handicap en les faisant communiquer entre eux. Emmanuelle se voit imposer une éducation "oraliste", il lui faut lire sur les lèvres, utiliser un langage oral qu'elle n'entend pas, se faire aider tout le temps... alors que ses parents, novateurs, lui ont fait apprendre la langue des signes. Ce livre est un plaidoyer vibrant pour la langue des signes, et à le lire, on se félicite qu'il se soit imposé en France aussi.
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