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Critique de Brooklyn_by_the_sea


Les métèques de Lachaud n'ont pas la poésie de celui de Moustaki, mais ils choquent et font réfléchir.
Célestin, 20 ans, vit chez ses parents dans la hantise de la boîte aux lettres, où un jour le facteur dépose le courrier tant redouté convoquant toute la famille à la Préfecture. Il s'agit, en effet, d'inviter les citoyens au nom francisé à reprendre leur patronyme d'origine. Et dommage pour ceux qui s'y refusent.

Etrange, puis angoissante dystopie que ce court (mais dense) roman.
A travers la narration de Célestin, qui se découvre de nouvelles origines et s'en trouve stigmatisé au point de devoir fuir, l'auteur aborde des thèmes devenus aussi sensibles que l'immigration, l'assimilation, l'identité, l'adaptation. Ce faisant, il relie dans son récit quatre générations de persécutés, de la Shoah à une analogie de la crise migratoire actuelle, mais l'articulation s'est avérée un peu trop délicate à mon goût.
En outre, je ne me suis pas attachée à Célestin, lui-même détaché de ses émotions pour mieux résister. Les autres personnages ne me sont pas apparus plus plaisants, mais le ton du roman étant grave, ils ne dénotent pas. En ce sens, Lachaud démontre une belle cohérence dans la maîtrise de son récit.
Par ailleurs, j'ai apprécié la tension croissante qui sous-tend cette histoire, jusqu'à créer une sensation de malaise dans ma lecture, où l'absence d'explication et de dénonciation renforce l'impression de cauchemar. Enfin, la France décrite m'a glacée : un pays où les "métèques" disparaissent peu à peu, tandis que la vie suit paisiblement son cours -du déjà vu.

C'est donc un roman dur et dérangeant, qui rappelle le danger nationaliste qui guette toute démocratie, et qui ranime l'empathie envers tous ceux qui sont contraints à l'exil et à la survie dans un monde hostile ou indifférent.
Ce livre n'est pas le plus drôle de l'année, mais on peut toujours ré-écouter Moustaki pour rêver encore à toute une éternité d'amour....
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