- "Je ne peux vivre sans champagne, disait Napoléon Bonaparte, en cas de victoire, je le mérite ; en cas de défaite, j'en ai besoin", lâche Andrew avec fierté alors que nous pénétrons dans le hall d'entrée.
- Maman, tu as eu combien d'amoureux ? demandait souvent Justine quand elle était adolescente, une plaisanterie entre nous, et je lui répondais invariablement par la même boutade :
- Je les compte pour m'endormir !
Sans doute préféré-je l'apprendre de sa bouche que de celle de Maxence ou de Liliane. Ce genre de secrets d'alcôve remonte toujours à la surface.
- Rien ne se passera être nous, Alexandre.
Avec Alexandre, je peux évoquer les bons souvenirs. Chez les Van Styn, on applique à la lettre l'étiquette de la couronne d'Angleterre : "Pas de jérémiades, pas d'excuse." Ni le sentiments ni les émotions n'ont vraiment droit de cité.
– Vous mentez, ma patronne et lesbienne.
– Vous voulez que je vous attache ? Demande-t-il d'une voix presque chevrotante, qui trahit une pointe
d'anxiété en lui.
Déstabilisés…
– Andrew, vous vous croyez dans 50 nuances de Grey ? Un peu d'imagination que diable !
Cette jeune femme qu'Andrew est en train d'embrasser, ce n'est pas Jennifer, c'est Justine, ma fille ! Je suis mortifiée.
– Ma femme non plus, elle aime pas trop…
On la comprend et on se croirait dans un épisode de Colombo qui la ramène toujours avec sa femme. Si
seulement il portait un imperméable, je pourrais être excitée par un peu de perversité.
Je n'ai pas viré ma cuti : j'ai vécu une expérience. Se justifier serait pire que tout.
Ce voyage m'a révélé peu à peu ce que je me refusais à admettre, cette attirance que je ressens pour Andrew va bien au-delà de la fierté d'être accompagné d'un beau jeune homme brillant, qu'officiellement je destinais à ma fille.