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Critique de Wyoming


Des Joseph, j'en ai connu plusieurs, comparables en bien des points à celui magistralement mis en scène par Marie-Hélène Lafon, vus d'abord avec les yeux de l'enfance, sans soupçonner leur détresse, mieux compris plus tard quand la mémoire assemble tous ces vécus au contact de ces personnalités simples, le plus souvent attachantes, en regrettant de n'avoir pas assez communiqué avec eux quand ils étaient encore là.

Le Joseph de Marie-Hélène Lafon fait la synthèse, à travers une seule personne, de toutes les difficultés de la vie agricole, avec pourtant ses bonheurs virgiliens méconnus souvent des intéressés. Joseph, ouvrier agricole, aime son travail, aime les bêtes dont il s'occupe avec soin, aime sa famille même si elle l'oublie peu à peu, aimerait les filles si l'un d'elles, Sylvie, ne l'avait blessé à vie, le temps cicatrisant tant bien que mal toutes ses peines.

Pour moi, Joseph, c'est un héros, un héros que Marie-Hélène Lafon dépeint avec son style efficace, percutant, qu'elle fait plaindre, aimer, jamais détester. En cela, elle excelle car elle connaît ce milieu agricole auvergnat qui, à l'orée du 21ème siècle n'a guère évolué dans ses relations humaines. Il y a aussi de très nombreux Joseph au féminin, des filles, des femmes ayant porté haut la notion de service, l'amour des enfants -- qui la plupart du temps n'étaient pas les leurs --, sanctifiant elles aussi des vies simples dans un monde souvent trop dur.

Au fil de ce livre, Joseph égrène de nombreux souvenirs, des petits bonheurs, des malheurs qui s'installent progressivement, que l'alcool vient faire oublier temporairement. Joseph n'est pas résigné, d'autres ont fait des choix pour lui à sa place, il les accepte, même si les regrets sont sous-jacents.

Tout cela, Marie-Hélène l'exprime pudiquement, mais sans concession, sans mièvrerie aucune, avec finesse car elle connaît et a observé tous ces paysans qu'elle a cotoyés et qui lui ont fourni la matière première de ce beau roman de vie.
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