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Critique de Cigale17


Les Sources : un bref roman bouleversant… Une ambiance de plomb s'installe dès les premières lignes, et pourtant, il ne se passe rien de particulier. La famille vient de finir le repas, le père fait une sieste allongé sur un banc, les trois enfants sont sortis silencieusement dans la cour en refermant soigneusement les deux portes de séparation derrière eux. Les deux filles se balancent sans bruit, le garçon les regarde nerveusement. La mère reste immobile, perdue dans ses pensées. La peur est diffuse, mais le lecteur sait qu'un rien peut faire éclater l'enfer.
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Marie-Hélène Lafon divise son roman en trois parties : deux jours en 1967 que l'on on vit avec la famille par les yeux de la mère, un jour en 1974 où l'on suit les pensées du père, et un jour en 2021 où l'on accompagne brièvement Claire, la puînée, revenue pour vendre la ferme. Nous sommes à la campagne, dans le Cantal. le travail harassant de la ferme, l'entretien d'une grande maison où vivent famille et employés, ce qui implique la présence permanente de témoins, un confort assez rudimentaire (pas encore de salle de bains, par exemple), les visites aux parents et beaux-parents le dimanche, les ravages du qu'en-dira-t-on, la routine, quoi. Et toujours cette peur, presque palpable, qui bloque toute initiative, qui contamine gestes et pensées…
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Ce n'est que le deuxième roman de Marie-Hélène Lafon que je lis, et je sais maintenant que j'en lirai d'autres. Dans Histoire du fils, j'avais été frustrée par la brièveté du texte et j'avais envie d'en savoir davantage sur les personnages. J'ai compris avec Les Sources que l'autrice laisse à dessein ses lecteurs dans l'expectative, et de cette volonté découle sans doute une partie de la force de sa prose. L'écriture est magnifique, d'une remarquable précision, tout en économie et pourtant d'une grande originalité. La violence conjugale est traitée avec pudeur, sans descriptions détaillées, sans pathos, mais le lecteur la redoute en même temps que l'épouse dont on ignore toujours le prénom. On ne peut que conforter sa décision et regretter qu'elle ne l'ait pas prise avant, tout en sachant la difficulté de quitter une telle emprise... Un grand roman qui dit tout avec une remarquable économie de moyens.
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