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Critique de andras


Il y a une dizaine d'années qu'un couple d'amis comédiens m'avait offert cette pièce de théâtre, éditée chez Les Solitaires Intempestifs (http://www.solitairesintempestifs.com/), cadeau peu commun qui m'avait touché. J'en avais lu les trois ou quatre premières pages mais, déconcerté par le style, j'avais alors rangé le livre dans ma bibliothèque. Apprenant que Xavier Dolan, le jeune réalisateur québecois, avait basé son dernier film sur cette pièce, je me suis replongé dans cette lecture, toujours avec beaucoup de difficultés. Ce n'est qu'après avoir vu - et adoré - le film de Xavier Dolan que j'ai pu venir à bout de la pièce.
On y voit un homme d'une trentaine d'années, Louis, qui revient dans sa famille après dix ans d'absence, n'ayant entre temps envoyé que des cartes postales "elliptiques". Il a un jour quitté la famille pour aller dans la "grande ville" où il est devenu écrivain et auteur dramatique. A son retour, il retrouve sa mère et sa jeune soeur Suzanne qui vivent ensemble et son frère cadet Antoine ainsi que sa belle soeur Catherine (qu'il ne connaissait pas) qui, eux, vivent non loin de là. Louis est venu annoncer à sa famille qu'il va bientôt mourir mais il ne trouvera jamais le moment opportun pour leur faire cet aveu. Au cours de la courte journée que Louis va passer avec eux, chacun essaiera de lui dire ce qu'il n'a pu lui dire durant toutes ces années. Mais ces tentatives seront la plupart du temps avortées, car comme dit Antoine, "rien jamais ici ne se dit facilement". de fait, le langage est très souvent haché, les phrases restent en suspens ou sont répétées de façon légèrement différente, on bafouille, on s'emporte, on hésite sur la construction d'une phrase, un accord de temps ... et toutes ces hésitations ou ces exaspérations brouillent le message voire l'obscurcissent presque totalement. Mais au coeur de cette presqu'impossibilité de se confier, dans les silences qui s'installent ou dans les insultes qui fusent, quelque chose passe et si c'est difficile de parler ici d'amour, c'est tout sauf de l'indifférence.
Rien n'est dit (ou presque) sur les raisons qui ont poussé Louis à quitter le cercle familial mais j'ai imaginé que l'on pouvait aisément accoler à cette pièce le roman d'Edouard Louis (sic) : En finir avec Eddy Bellegueule, roman que j'ai lu cet été et que j'ai trouvé d'une force extraordinaire. Les styles de Lagarce et d'Edouard Louis sont bien-sûr très différents mais les histoires qu'ils racontent sont, je trouve, très complémentaires.
Bravo à Xavier Dolan de s'être emparé de cette pièce d'un accès difficile, de l'avoir si bien adaptée et d'avoir trouvé de magnifiques acteurs pour porter ces rôles (voir http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=237510.html).
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