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Critique de Christlbouquine


Comédien, Antoine Lepage vient de sortir de quelques mois de coma. Marié à Esther, père de deux jeunes enfants, engagé dans une pièce qui met en scène Don Juan, très sensible aux charmes d'Alexia, sa partenaire, Antoine doit composer avec de nouvelles perspectives, de nouvelles envies, un autre lui-même.

Ce roman explore avec beaucoup de recul les arcanes de la création, du théâtre et du monde des acteurs. Normal, son auteur est lui-même issu de ce monde. Il en connait donc bien les travers et les moments de grâce.
La sortie du coma d'Antoine signe pour lui le début d'une remise en question, aussi bien de son art que de sa vie personnelle. On sent très vite que la faille qui s'est ouverte n'en finira pas de s'élargir jusqu'à un point de non-retour vers lequel l'auteur nous entraîne à la suite de son personnage. Heureusement, un bon nombre de pointes d'humour viennent aussi alléger le récit et montrent que l'auteur, comme son personnage, n'est pas totalement dupe de ce monde parallèle du théâtre.

Le récit nous montre la difficulté de placer des limites entre la scène et la “vraie vie”, le désir omniprésent de séduire, de se voir dans le regard de l'autre qu'il soit partenaire de scène ou spectateur. C'est évidemment finement observé, écrit dans un style qui nous fait ressentir l'urgence d'être mais aussi cette espèce de volonté d'auto-destruction que véhicule le personnage d'Antoine. Engagé dans une relation conflictuelle avec Alexia, renonçant à sa vie avec Esther, perdant pied sur scène, Antoine semble courir à sa perte, quasiment volontairement ou en tous les cas en ayant pleinement conscience de vivre dans une illusion dangereuse.

C'est parfois un brin confus, surtout dans certains passages qui tanguent aux frontières de la réalité et du rêve, et caricatural avec ce personnage d'Alexia qui est une véritable tragédienne et ne semble pouvoir vivre qu'en créant du drame mais l'ensemble interroge sur le sens de la vie, sur le métier d'acteur, sur la frontière ténue entre être et paraître, sur le besoin de reconnaissance.

Un premier roman intéressant qui ouvre sur une interrogation quant à une possible continuité. Jocelyn Lagarrigue peut-il écrire sur une thématique moins proche de lui, moins autofictionnelle ?
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