Lorsqu'il il y a une histoire de violences policières, la question du statut pénal de la victime s'inscrit dans le même dispositif que celui qui consiste, lorsqu'il y a une agression sexuelle sur une femme, à s'interroger sur sa tenue ou sinon comportement.
Le combat d'Adama a touché petit à petit les villes, les classes moyennes, les classes bourgeoises, les Blancs, les gens qui ne connaissent même pas les violences policières... Aujourd'hui, le Combat d'Adama, c'est le combat de tout le monde, c'est un combat de peau, ta religion, ton sexe, ton orientation sexuelle.
Alors qu'elle constitue l'une des activités les plus routinières de la police et de la gendarmerie, la pratique du contrôle d'identité et de la fouille est en fait en contradiction avec l'idée de la police telle qu'on se la représente : car c'est par définition un moment où l'Etat décide d'inaugurer un cycle de violence. (p. 37)
Lorsque nous nous représentons les forces de l'ordre, nous nous représentons en général une institution dont la fonction serait de protéger, de venir en aide en cas d'agression et de violence. La légitimité de l'usage de la force par la police et gendarmerie s'appuie sur l'idée selon laquelle elles utiliseraient la violence lorsque, déjà, de la violence a lieu dans le monde social et qu'il faut la stopper.
La violence d'Etat comme contre-violence et comme violence pacificatrice : cela arrive bien sur, et cela peut être utile. Mais cela arrive peut être moins souvent qu'on le croit : très peu nombreux sont celles et ceux qui peuvent réellement dire qu'un policier, un jour, a surgi et stoppé une agression dont ils ou elles étaient en train d'être victimes. Il est possible que l'image sur laquelle nous nous appuyons pour penser la police n'ait pas grand-chose à voir avec la réalité et notre expérience de celle-ci. La police est peut-être l'une des institutions pour lesquelles, entre la représentation à partir de quoi nous la pensons et la réalité objective de ses pratiques, la différence est la plus grande. (p 36)