Citations sur Moi, la scandaleuse (10)
Quoi qu’on fasse dans la vie, on est d’accord avec soi-même lorsqu’on est capable de s’assumer. Si ma conduite n’a jamais été un modèle de vertu ou de moralité, je défie n’importe quel homme politique, chef d’entreprise ou artiste connu de me donner des leçons d’honnêteté. Contrairement à beaucoup d’entre eux, je n’ai pas à rougir de ma carrière, car ce que j’ai fait, non seulement je ne l’ai jamais caché à personne, mais je me suis fixé une sorte de devoir de tout dire, de donner tous les détails, pour qu’on sache une bonne fois pour toutes qu’il n’est pas plus infamant de faire l’amour devant une caméra, que de conduire certaines campagnes électorales mensongères, ou de juger ses semblables avec hypocrisie, lorsqu’on se livre soi-même aux pires débauches.
Il est bien connu que la flatteuse vit aux dépens de celui qui l’écoute : c’est un grand secret que de pouvoir faire pratiquement tout accepter à un homme, du moment qu’on le flatte, qu’on lui reconnaît des mérites, qu’on le place, pour une raison ou pour une autre, au sommet de la pyramide des champions. Les femmes ont bien des orgueils, des amours-propres mal placés, mais pas cette vanité typiquement masculine. Chacun se bat avec les armes que la nature lui a attribuées.
Il n’était pas rare […] que des messieurs me suivent, me sourient et m’invitent à déjeuner, à dîner, à danser. Les plus pressés ou les moins hypocrites me demandaient carrément :
– Combien ?
Ce à quoi je répondais invariablement :
– Au moins dix ans.
– Dix ans quoi ? me demandait l’inconnu vraiment surpris.
– Dix ans avant que j’accepte.
En général, ils repartaient furieux, en haussant les épaules comme si c’était moi qui les avais agressés !
J’ai appris à aimer Lyon. J’ai mis des semaines à connaître cette ville fascinante, à me reconnaître dans les vieilles rues qui surgissent au moment où on s’y attend le moins sur les quais de Saône. Les vieilles boutiques de Fourvière, les magasins de luxe de la rue de la République, le parc de la Tête d’Or, la montée de la Croix-Rousse. Je me dis aujourd’hui que si un jeune Lyonnais m’avait fait la cour, s’il m’avait demandée en mariage, je serais devenue sans aucun doute une de ces jeunes femmes calmes et satisfaites qui promènent leurs enfants à Gerland ou sur la place Bellecour. Je serais devenue lyonnaise, comme la quenelle ou la charcuterie fine. Oui mais voilà. Aucun Lyonnais ne m’a fait la cour, aucune aventure ne s’est présentée à moi, avant que ma décision ne soit véritablement prise : la seule issue, la seule solution était Paris.
Lorsqu'un homme dit à une femme qu'elle a de beaux yeux, qu'elle est ravissante ou bien habillée, c'est à son cul qu'il pense.
Ils ne savaient pas, les pauvres, que lorsque j'ai décidé quelque chose, rien, vraiment rien, ne peut me faire revenir en arrière.
Je découvrais que la ferveur qui m'animait depuis quatre ans, m'avait fait supporter l'insupportable : j'en arrivais à considérer mon travail comme une caricature de ce que j'espérais.
J'étais noyée dans cette foule, anonyme.
Je n'existais pas.
Quand je tournais "mes" films érotiques, j'étais la star, celle qu'on attendait sur le plateau, celle à qui l'on réservait un minimum d'attentions et de considération. On me demandait mon avis, on me proposait de modifier le plan de travail pour m'être agréable. Et là, sur ce plateau gigantesque, je n'étais plus indispensable, juste un pion au milieu de centaines d'autres
J'ai toujours été sensible au fait de choquer ou de ne pas choquer les autres. J'aime mieux choquer que laisser indifférent.
On me dit quelquefois assez dure, ou indifférence. Ce n'est pas vrai, je fais seulement semblant, je crains encore de me laisser aller et de surprendre chez l'homme qui me regarde cette lueur d'agacement qui brillait quelquefois dans les yeux de mon père lorsque j'allais l'embrasser.