AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lecturesdejenn


En toute honnêteté, je ne sais pas comment vous parler de ce roman. Ça n'a pas été un coup de coeur ni une déception. C'est plutôt le genre de roman que je chérirais longtemps, qui restera un moment dans ma mémoire, qui occupait constamment mes pensées quand je ne le lisais pas, qui m'a transporté, qui me rendait heureuse rien qu'à l'idée de retrouver les personnages après une longue journée et dont les messages sont intemporels et encore tellement importants dans la société actuelle. Ce roman est LE roman à ne pas manquer cet automne de par ses personnages et ses messages importants, intemporels et d'une bienveillance absolue.

"Si belle, Sybille" est le genre de roman qui vous fait relativiser, qui vous fait prendre conscience que vous n'êtes pas seul(e) à vivre cela. C'est un roman qui prône la tolérance par dessus, envers soi-même et à l'égard des autres, ainsi que la body positivité à travers une plume fluide et agréable, des personnages différents les uns des autres, (rebelles, réservés, excentriques, solitaires) drôles, attachants, des messages forts et où TOUS les personnages sont exploités.

Tout commence quand un professeur de littérature décide de mettre en binôme des étudiants qui ne se connaissent qu'à travers l'idée qu'ils se font les uns des autres, qui n'ont, en apparence, rien en commun, pour un devoir spéciale : écrire un poème qui rend hommage à son binôme. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ? Ce n'est qu'un devoir après tout… Enfin, en théorie.

J'ai adoré les personnages qui sont, un peu comme pour Campus Drivers mais d'une manière différente, la force de ce roman. L'histoire est construite principalement autour de quatre personnages, bien différents les uns les autres mais qui, je trouve, se complètent plutôt bien.

Sybille se trouve moche, pas très intéressante au point de vouloir changer pour attirer l'attention de celui qu'elle aime en secret depuis des années. Elle ne fait pas confiance aux autres, elle se méfie carrément de tout, s'empêche de vivre, passe à côté de sa vie, se fait la plus discrète possible pour ne pas attirer l'attention sur elle et en baver au lycée. C'est un personnage que j'ai adoré et en qui je me suis reconnue. C'est parfois triste à dire mais, ce reconnaitre en ce genre de personnage, voir au fil des pages qu'on lui ressemble plus qu'on ne le voudrait, nous permet de voir les choses différemment, et nous donne même l'envie d'évoluer pour devenir la meilleure version de nous-même. En tout cas, c'est ce qui s'est passé pour moi. J'ai adoré voir l'évolution de la timide Sybille à la Sybille qui tient tête à son binôme de littérature, lire les piques qu'ils s'envoyaient me faisait rire, la voir prendre sa vie en main, ne plus craindre les jugements et regards des autres pour savourer au maximum son présent. Un très beau personnage.

Il en va de même pour Sofia qui a été le rayon de soleil de ce roman. Elle souffre de grossophobie de la part de ses camarades de classe qui ont toujours une remarque désobligeante à faire sur son poids mais qui, par son tempérament ne se laisse pas faire, et leur tient tête, de temps en temps. Elle affiche une personnalité solaire, un style excentrique bien à elle, toujours avec un sourire plaqué aux lèvres, feignant que rien de l'atteint alors que c'est faux. Elle encaisse et encaisse jusqu'au jour où tout peut exploser. Sofia aussi connait une très jolie évolution aux côtés d'un personnage relativement différent d'elle mais qui la complète si bien.

Samuel est un personnage assez présent dans les romans : le Bad boy du lycée, qui traînent avec les populaire du bahut, toujours à lancer des petites piques blessantes à droite et à gauche, qui possède des problèmes familiaux et qui change progressivement aux côtés de la jeune fille timide de sa classe. Malgré le fait que Samuel soit un personnage assez commun, je l'ai adoré. Derrière cette carapace de méchant garçon, se cache un garçon plutôt tendre, sympathique, attentionnée, charismatique, sarcastique et tourmentée. Il baisse peu à peu sa garde devant cette fille qu'il ne voyait pas avant qu'elle ne soit son binôme, lui montre ses failles et ses faiblesses, lui montre l'objet de ses tourments, de sa souffrance et de sa colère destructrice. Un personnage qui cache énormément derrière son beau visage, que j'ai apprécié plus que je ne le pensais.

Le point commun à tous ces personnages, Sybille, Sofia, Samuel, Soren et Lou, selon moi est qu'ils revêtent un masque, une armure de protection pour ne pas laisser les autres les voir tels qu'ils sont, de pas leur donner le pouvoir de les blesser ou pour ne plus avoir à souffrir et se retrouver dans la peau de la victime, pour d'autres. La période du lycée est une période où l'on grandit, murit, prenons conscience de qui nous sommes et qui nous ne voulons pas être, bien que cette quête d'identité et le lycée en général reste dure à vivre pour certains.

Certes, l'auteure base son roman sur l'histoire de quatre protagoniste mais elle a également pris le partie de donner une voix à tous les personnages qui, de près ou de loin, contribuent à l'intrigue du roman et c'est une des choses que j'ai le plus apprécié. On peut réellement entrer dans la tête de tous les personnages, comprendre pourquoi ils agissent ainsi et essayer de relativiser leurs actions par rapport à ce qu'ils ressentent, leur mal-être, leur détresse, leur manque d'attention… J'ai adoré dans ce roman que l'auteure aborde des sujets extrêmement importants tels que le harcèlement scolaire, la grossophobie, la confiance en soi, la communauté LGBTQ+, la popularité au lycée et ses ravages, le suicide, le pouvoir brutal des mots… Bref, autant de sujets qui étaient très importants hier et qui le sont encore de nos jours, que vous soyez adolescents ou adultes.

L'auteure possède une plume fluide, légère, agréable à lire, touchante et poignante. Elle vous noue la gorge à des moments bouleversants, vous fait rire à des moments comiques, vous fait lever les yeux au ciel à des moments cucul pompon. On ressent ce que les personnages ressentent, on veut les aider, leur murmurer à l'oreille que ça va aller et que le lycée ne dure pas toute une vie, qu'ils méritent de vivre leur vie et de ne pas prêter attention aux moqueries, jugements et regards des autres, même si c'est plus facile à dire qu'à faire.

L'auteure a écrit ce roman avec une telle bienveillance qu'il fait passer des messages forts et importants de manière à ce que les petits et les grands comprennent tous les enjeux qu'il renferme. Je trouve important d'éduquer les enfants dès leur plus jeune âge sur le pouvoir que leurs mots peuvent avoir sur les autres, qu'ils peuvent blesser et détruire des vies, à leur apprendre la tolérance et l'amour de soi et à l'égard des autres. Encore trop de jeunes, et même adultes, ne se rendent pas compte que les mots ont un pouvoir incroyablement destructeur et dévastateur sur autrui.

Il n'y a pas longtemps, j'ai vu un Drama coréen dans lequel la protagoniste disant à un homme "Ce n'est pas parce qu'il ne pleure pas qu'il n'est pas triste. Ce n'est pas parce qu'il sourit qu'il est heureux" et je trouve cette phrase d'une incroyable justesse et véridicité. Nous menons tous des combats dont les autres ignorent l'existence. Certains sont plus doués que d'autres pour cacher ce qu'ils ressentent et vivent à travers une attitude de façade. Alors soyez bienveillants les uns envers les autres. Et ne leur faites pas subir ce que vous ne voulez pas subir à votre tour.

Ce roman vous aidera à grandir, j'en suis convaincue, ou du moins, aidera les plus jeunes, qui prennent ces sujets à la légère, à comprendre les ravages du lycée et des mots cruels qui s'échangent dans les cours de récréations. Un roman entrainant, profond, important, bienveillant, sur l'acceptation de soi, prônant la tolérance à son maximum, à mettre entre les mains des petits et des grands.
Lien : https://lecturesdejenn.wordp..
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}