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Critique de Rachelkaposi


La race des orphelins est un livre tout à fait particulier puisque l'auteur évoque un sujet resté dans l'ombre, celui du programme Lebensborn qui, durant la seconde guerre mondiale, avait pour finalité la reproduction d'enfants dont les caractéristiques physiques correspondaient au type aryen.
C'est aussi le journal d'Hildegard Müller, née de ce programme, celui de la « race des orphelins » qui, à soixante-seize ans, sachant à peine lire et écrire, fait appel à un scribe pour qu'il devienne l'interprète de sa non existence et dessine les contours de de sa non vie.
Les mots d'Oscar Lalo sont forts et cinglants.
« Je devais être la gloire de l'humanité. J'en suis la lie », dit-elle.
Et son « je » identitaire se transforme en « pronom impersonnel » n'ayant pu trouver d'existence propre, faute de filiation. S'ensuivent des phrases choc, des négations qui s'enfilent les une aux autres sans toutefois parvenir à une possible reconstitution de l'ensemble.
« Sélection et désinfection ». « Ne pas être victime, ne pas être coupable ». « Ne pas être mort/ ne pas être vivant », « enfants de la race inférieure/enfants de la classe supérieure », « nuit de la solitude/brouillard de la clandestinité », « enfants des travailleurs forcés/enfants de l'ennemi », « entreprise de donner la vie en donnant la mort »… Autant de mots et d'expressions relatant des situations qui, de par leur force d'opposition, finissent pas devenir presque similaires.
Alors peut-on trouver une issue une fois toutes ces négations réunies ?
L'écriture de ce qui n'est pas peut-elle faire émerger un peu d'existence ? Tel est le pari d'Oscar Lalo qui ouvre pour nous sa boîte de Pandore, avec une héroïne ne pouvant qu'illustrer parfaitement le mythe, puisque née de l'association d'Haphaïstos (le dieu des armes) et d'Athéna (la déesse aux yeux bleus).
Du fait même des négations affichées, ce livre est extrêmement intéressant. Car cette écriture du vide n'est pas sans révéler nos propres incertitudes, nos propres manquements, nos propres errances. A lire donc pour briser le secret de ces « fontaines de vie », pour effleurer nos propres négations, pour s'imprégner aussi, comme le dit lui-même l'auteur dans son livre, de « ses phrases courtes qui en disent long ».
Rachel



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