AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Kirzy


Kirzy
27 septembre 2021
Rentrée littéraire 2021 #30

On se croirait au ciné ! Façon Scorcese ! Un jeune afro-américain de 19 ans, Clyde Morton, débarqué à New-York de son Alabama natal, se rêvant trompettiste de jazz, devient un des gangster les plus influents de Harlem. Viper en surnom, dealer de marijuana craint de tous, costume impeccable, cheveux défrisés, fine moustache. Un destin raconté sur un rythme effréné, de 1936 à 1961, dans un récit empli de meurtres, de guerre de la drogue, de flics ripoux, d'avocats véreux et d'une femme fatale, celle que Clyde aimera toute sa vie, très romantiquement, malgré les secousses.

Le très grand plaisir du roman est de faire déambuler le lecteur dans le Harlem des clubs de jazz, du scat à la révolution Bebop, avec la Seconde guerre mondiale comme bascule. On y croise tous les acteurs importants de la culture jazz, Charlie Parker, Thelonious Monk, Dizzie Gillespie, Miles Davis notamment, ainsi que la baronne Pannonica de Koenigswarter qui accueille dans sa villa tout ce petit monde. C'est chez elle que Bird est mort prématurément à 34 ans, épuisé par l'héroïne, l'alcool et les excès en tout genre. L'atmosphère et l'évolution de Harlem sont très bien rendues. le jazz est vraiment au coeur du roman, jusqu'au titre clin d'oeil qui fait référence à un morceau de Django Reinhardt ( lui n'est pas présent dans le récit ). La passion de l'auteur est communicative, même pour une non initiée comme moi.

La construction pivote autour d'une nuit de novembre 1961, chez la baronne Pannonica qui demande à Viper, comme elle le fait avec tous ses hôtes, de consigner pour la postérité dans un carnet ses trois voeux les plus chers. Il vient de tuer quelqu'un, pour la troisième fois dans sa vie. Mais au lieu de fuir, il laisse son esprit s'évader vers son passé et raconte les meurtres qu'il a commis tout en dévoilant ses voeux. le procédé est sans doute un peu artificiel mais d'une grande efficacité. Jusqu'au double rebondissement final, très très réussi, qui révélera dans les ultimes pages l'identité de la troisième personne assassinée, donnant au roman des accents shakespeariens voire de tragédie grecque à la Sophocle.

Ce roman est extrêmement divertissant. Mais sans doute trop court. J'aurais aimé que l'auteur rallonge son récit d'au moins cent pages pour lui apporter la densité et la profondeur qu'il aurait pu avoir en creusant, notamment, la psychologie de son personnage principal qui reste très linéaire. Il y avait matière à encore plus régaler le lecteur. A noter que le roman est né d'un feuilleton radiophonique diffusé sur France Culture en 2019.
Commenter  J’apprécie          1153



Ont apprécié cette critique (109)voir plus




{* *}