Citations sur Je suis le sang (13)
Il ne s'agit ni des riches ni des pauvres, mais de tous les hommes. Nous aimons la nuit et ses sortilèges. L'histoire de Jack l’Éventreur nous fascine car nous avons hérité du goût de nos ancêtres pour le sang. Nous le glorifions dans nos contes et légendes, et nous le moralisons dans nos fables. Mais il est là, il rode, jamais bien loin de nos consciences, et il suffit de pas grand-chose pour l'exalter à nouveau et qu'il reprenne possession de nous. C'est pourquoi nous faisons tourner les tables et écrivons nos histoires gothiques. Forts de notre progrès, de notre science et de notre positivisme, nous nous sentons coupables de ressentir toujours cette attirance. Avec la mort, ce goût du sang est l'unique lien que riches et pauvres partagent.
"Un tueur solitaire sème la terreur au coeur du plus grand empire que le monde ait connu et tient la meilleure police du monde en échec! Quel affront pour la couronne! Alors, oui, mieux vaut suggérer que le tueur n'est pas de ce monde pour ne pas perdre la face." (P. 148)
Si les maladies pullulaient dans l'East End, il n'y en avait qu'une qu'on redoutait dans le West End, c'était le scandale. Dès l'instant où l'on en était frappé, on cessait d'exister. Vivant en apparence mais mort aux yeux des autres. Les premières causes en étaient le désir et l'ennui. A Londres, ils étaient les deux pires ennemis d'un gentleman.
Oscar Wilde avala la dernière lampée de son verre. "Si le bruit se répand que je suis capable de profondeur et de réflexion, je ne pourrai plus jamais écrire pour les journaux!" (P.122)
"- C'est Mr STOKER qui m'a permis, répondit le petit homme au visage cireux. Je veux être acteur comme vous, Mr Irving. Interpréter Macbeth.
- On ne prononce pas ce nom dans un théâtre, ça porte malheur. On dit The Scottish Play ou The Bard's Play. Si vous étiez anglais, vous le sauriez! Seul un Anglais peut jouer Shakespeare." (P. 11)
Le sang était la clé. Le sang, comme le livre, reliait les Vivants aux Morts. Tout se transmettait par le sang : force, noblesse, fortune, talent, folie. Le sang faisait le lien entre réel et imaginaire, nature et surnaturel. Le sang était le grand fleuve dans lequel baignaient tous les hommes.
"Quel romancier ne serait pas attiré par cette série de crimes hors du commun? C'est le genre d'affaires qui n'arrive qu'une fois dans la vie d'un auteur. Au lieu de conter une histoire macabre, pour la première fois, je la vis. C'est très excitant. Le journaliste que je suis la relate et l'écrivain en moi la sublime. Écrire est un acte magique, Bram, vous le savez." (P. 147)
DRAGAN :
"- Hyde vit dans un livre, il est inoffensif.
STOKER :
- Vous croyez les livres inoffensifs?
DRAGAN
- Aucun auteur n'a assez d'imagination pour inventer le réel, Mr STOKER." (P. 16)
Plus tard, elle glissa un morceau de papier sous la porte de sa chambre.
"Bram, vous êtes de plus en plus absent. Votre fils vous parle et vous lui répondez à peine. Je suis sûre que vous seriez plus peiné par la mort d'Henry Irving que par celle de notre fils."
Stoker avait griffonné sa réponse et l'avait glissée en sortant sous la porte de sa chambre. "Ma chère, nous pourrions refaire un fils, mais il n'y a qu'un seul Henry Irving."
John Sheridan le Fanu avait engendré la comtesse Millarca von Karstein, alias Carmilla, une femelle vampire, sensuelle et saphique. Lui engendrerait un mâle ! Le plus terrifiant des vampires et il marquerait l'esprit de ses lecteurs au fer rouge. Ce vampire le ferait passer à la postérité.