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Critique de Sando


Dans la famille Oh, on sait garder un secret… En particulier Annie, cette mère de trois enfants, divorcée d'Orion avec qui elle a vécu plus de vingt ans et qui s'apprête à se remarier avec Viveca, sa compagne depuis trois ans mais également son agent artistique. Annie n'a jamais raconté à personne ce qu'il s'était réellement passé cette terrible nuit de l'année 1963, où une violente inondation a coûté la vie à sa mère et à sa petite soeur. Mais ce passé qui la ronge depuis tant d'années et qui ressort à travers la violence de ses créations artistiques pourrait bien rejaillir en cette période si propice aux doutes et aux remises en question…


Tour à tour, chaque membre de la famille Oh va prendre la parole et nous raconter les évènements tels qu'il les perçoit, tout en revenant sur son propre vécu. Si l'on commence avec Orion, le mari trompé, qui tente de ne pas laisser transparaître son amertume, on poursuit ensuite avec les enfants. Andrew, le fils aîné, le rebelle qui s'est assagi depuis qu'il a trouvé la foi et qu'il est entré dans l'armée, puis sa soeur jumelle, Ariane, la douceur même qui s'est toujours consacré aux autres sans jamais rien demander et qui peine à trouver un équilibre dans sa vie. Enfin, il y a Marissa, la petite dernière qui rêve de devenir actrice mais qui enchaîne les désillusions. Quatre narrateurs forts et attachants, qui gravitent autour d'Annie et vont permettre de la révéler petit à petit…


« Nous sommes l'eau » est le premier roman de Wally Lamb que je lis et quel choc ! Si le prologue a de quoi déstabiliser le lecteur, tant il semble étranger au reste de l'histoire (l'auteur y raconte l'histoire de Josephus Jones, un artiste noir américain méconnu, mort tragiquement à la fin des années 1950) n'ayez crainte, la confusion ne dure pas et Wally Lamb parvient, tout au long du récit, à relier les intrigues entre elles, aussi complexes soient elles.


La lenteur apparente du début n'est qu'un leurre et l'on se retrouve tout à coup projeté en plein coeur du tumulte ! Dès lors, impossible de lâcher ce « petit » pavé de presque 700 pages ! Les révélations s'enchaînent et nous plongent dans une spirale infernale dans laquelle on revit avec Annie sa brutale descente aux enfers et où l'on assiste, impuissant, à sa lente agonie.


Un roman qui, sous un calme apparent, cache en réalité une violence inouïe et dans lequel l'auteur explore avec talent la complexité des rapports humains, leurs failles et leurs faiblesses. Certaines scènes sont particulièrement révoltantes, à la limite du supportable et obligent à prendre ses distances pour ne pas sombrer avec les personnages… Un texte dense, aux ficelles parfois un peu grosses, mais réellement prenant et efficace. Wally Lamb nous livre un sublime portrait de famille mais aussi, et surtout, un portrait de l'Amérique sur les 60 dernières années, dans lequel le racisme, les préjugés et la jalousie poussent parfois à l'irréparable. En mêlant les destins et les histoires, il nous plonge avec brio dans le monde de l'art, de la création, dans tout ce qu'elle peut avoir de subversif et d'intime. Un roman désenchanté et saisissant, dans la lignée de Jonathan Franzen ou d'Eric Puchner.
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