Sophie rencontre Marcus et en tombe immédiatement très amoureuse. Très vite, tout s'emballe, elle quitte sa ville pour le rejoindre à Paris prête à vivre cette relation aux premiers abords idylliques. C'est là qu'apparaissent les premiers signaux que Sophie ne prend pas encore au sérieux. Marcus a un comportement parfois étrange, jusqu'à devenir inacceptable. Pour la jeune femme, commence une véritable descente aux enfers.
Cette BD se découpe en deux parties. Dans la première, l'autrice nous plonge dans sa relation amoureuse qui se transforme très vite en relation avec un manipulateur narcissique. Dès le départ, le lecteur est conduit à prendre du recul sur cette histoire. Si on suit l'aventure à travers les yeux de Sophie, quelques indices viennent nous sortir de cette dolce vita : un baromètre d'ego qui souvent s'emballe, et surtout un ours en peluche hilarant et cynique à souhait. Comme une sorte de conscience, cet ours en peluche est surtout une représentation d'une Sophie Lamba sur laquelle l'emprise de Marcus n'aurait pas prise.
La descente aux enfers est terrible. On vit avec Sophie la découverte de la vraie personnalité de Marcus, on suit sa détresse. Son récit est d'une sincérité déconcertante. Ses planches qui fourmillent de détails, ses jeux de couleur (il y en a très peu du noir et blanc et une couleur dominante qui varie tout au long de la BD) viennent renforcer l'impact du texte. Pourtant, alors que Sophie est au fond du trou, il n'y a pas de pathos. À nouveau, l'ours en peluche vient contrebalancer la noirceur du récit. Pour illustrer ses sentiments, l'autrice utilise beaucoup de métaphores imagées qui fonctionnent toujours très bien.
La deuxième partie de la BD se présente davantage comme un guide à destination des victimes de manipulateurs narcissiques. Pour sortir de l'emprise et de la culpabilité, Sophie a eu besoin de comprendre. Elle livre alors des clés très importantes pour reconnaître un manipulateur, analyser ses actions, comprendre le choix de sa proie et surtout pour en sortir.
Cette BD réussit à être à la fois divertissante et d'utilité publique. le sujet des pervers narcissiques a été souvent traité, dans des émissions populaires tout comme dans des médias plus sérieux, pas toujours de la meilleure façon. Cette BD est une vulgarisation intelligente qui touche, car elle part d'une histoire vraie, racontée avec justesse et recul, et qu'elle est richement documentée. le trait de
Sophie Lambda impose un ton humoristique. Cet humour noir rend le discours d'autant plus saisissant. Les nombreux détails et l'importance donnée aux métaphores dans l'illustration rendent à la perfection l'emprise et la détresse. Une réussite !
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