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Critique de beatriceferon


Marguerite, septante-huit ans, enterre son mari, Me Delorme, le notaire de Maisons-Laffitte. Sa vie s'arrête là. Elle erre dans sa belle maison trop bien rangée. C'est qu'Henri lui avait aménagé une vie réglée comme du papier à musique. Tout était prévu. Orchestré. Millimétré. Pas question de faire un pas de côté. En voyant sa patiente s'étioler, le Dr Dubois lui prescrit une cure thermale à Bagnère-de-Bigorre.
Marcel Guedj a septante-trois ans. le voilà veuf après des années de bonheur sans nuage. En le voyant si malheureux, sa fille lui offre une cure thermale à Bagnère-de-Bigorre.
Marguerite tape des mains d'enthousiasme, comme une enfant . Tout lui paraît magnifique.
Marcel grogne comme un vieil ours mal léché. Tout lui paraît un fardeau.
Comment deux êtres aussi dissemblables vont-ils lier connaissance ?
Le roman démarre avec la mort de Me Delorme et nous peint la vie austère de Marguerite, que son mari, sévère et autoritaire, avait dépossédée de tout même de son prénom. « Le premier jour de leur vie commune, il avait énoncé ses directives. Marguerite, c'était trop long, trop floral, et Maguy s'accorderait mieux avec Henri. Son nom de baptême ne fut plus prononcé qu'à de rares occasion et jamais en présence de son mari. Elle ne travaillerait pas. Unique concession : le bénévolat à la bibliothèque municipale deux fois par semaine. Elle porterait exclusivement des robes et un chignon, comme la première fois qu'il l'avait vue. Ils n'auraient pas d'animal de compagnie. Un seul enfant, de préférence un garçon. Et, sur un ton qui n'encourageait pas la contradiction, il avait conclu : « Il serait souhaitable que nous continuions à nous vouvoyer. »
La passion ? On peut dire que c'est un mot qui ne fait pas partie de son vocabulaire. « Un whisky écossais posé sur la table, il passait d'un débat politique à une émission économique. Elle plongeait dans un livre. Sans un regard, sans un mot d'amour, sans un mot plus haut que l'autre non plus. Un homme et une femme. Deux corps et deux âmes. Lui : raide comme un acte notarié. Elle : la flamme d'une bougie qui tremble, mais ne s'éteint pas. » C'est dire que Marguerite, qui avait connu une enfance heureuse aux côtés de sa soeur Hélène, drôle, fantasque, libérée, avait pu ranger sa joie de vivre dans le fond d'un tiroir. D'ailleurs, un jour, surprise de voir sourire Henri, elle avait pensé qu'il était heureux. « C'est le soleil qui me gêne », rétorque-t-il. Pas étonnant que sa vie ait été un éteignoir. Alors, quand enfin elle se croit libre, elle est... vieille ?!
Enfin, libre, libre... C'est un grand mot. Son fils, Frédéric, est le digne rejeton de son père. Il ne lui adresse que des « je t'avais dit que », « je t'avais interdit de... » Il décide unilatéralement de faire placer, dans sa maison, une caméra de surveillance. Pour éviter les rôdeurs ? Ou pour avoir sa mère à l'oeil ?
Dès le deuxième chapitre, on nous présente un autre personnage, Marcel Guedj, le parfait opposé de Marguerite. Âgé de dix ans, il a été obligé de quitter son Algérie natale et aussi sa petite voisine, Nora Ben Soussan. Heureusement, cette famille aussi prend le chemin de l'exil, Marcel et Nora connaissent « le vert paradis des amours enfantines », jusqu'à ce que la vie les sépare à nouveau. Quand Marcel reçoit une carte : « Je reviens. Vincennes me manque et pas seulement Vincennes », il sait que la chance a frappé à sa porte.
Et maintenant, soixante ans plus tard, les voilà tous les deux veufs et désemparés. Bien que très dissemblables, ils découvrent le plaisir de bavarder ensemble, de se promener, de faire des découvertes, et même, de rire.
Le roman s'attache à nous montrer que, malgré une vie bien ratée pour l'une, et un drame, à première vue insurmontable, pour l'autre, rien n'est jamais perdu. Même à leur âge, ils peuvent rêver d'un avenir.
Une leçon positive se dégage donc : il n'est jamais trop tard pour être heureux et rien n'est jamais perdu.
Karine Lambert croque, en Marguerite et Marcel, deux personnages attachants et attendrissants, qui ont su tourner le dos à l'adversité et, malgré leur âge, dire oui à la vie.
Malheureusement, la fin m'a attristée. Pourtant, on pouvait s'y attendre. Je suis peut-être trop « midinette » ? Mais, malgré cela, j'ai bien aimé.
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