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Critique de Takalirsa


Un androïde pourra-t-il un jour usurper l'identité d'un humain? Un roman qui lance le débat sur les frontières entre humains et robots.
Tout commence avec deux personnages atypiques: Ned, adolescent précoce, qui se retranche derrière sa "carcasse de Terminator" (atteint d'ostéoporose, il porte une armature en métal pour le protéger des fractures). Ned ne fait rien pour s'intégrer ("Il était différent et le serait toute sa vie") et préfère largement travailler sur l'intelligence artificielle dans son labo que d'aller en cours (où il s'ennuie car il connaît déjà ce qui est enseigné). Tout aussi asocial, Greg Lawrie est un ermite alcoolique vivant "au milieu d'un harem de robots femelles" ayant chacune un visage d'actrice célèbre des années 1950 (Marilyn Monroe, Ava Gardner et Grace Kelly). Les androïdes sont sa spécialité (controversée) mais comme chez Azimov, ils sont cantonnés à des tâches domestiques (majordome, serveur, chauffeur...). Ensemble ils vont jouer les docteur Frankenstein et créer Eva, une androïde nouvelle génération sensée relever le défi de la ressemblance humaine.

Le projet va transformer ces deux hommes solitaires. Lawrie est certes bourru, "mais il a un bon fond". Quant à Ned, "il se sentait dans la peau d'un superhéros menant une double vie. Vilain petit canard au bahut, mais surhomme une fois qu'il franchissait les portes du labo de Lawrie". Ensemble ils font l'apprentissage d'Eva, qui s'intéresse à tout et pose plein de questions. La scène où elle interroge Ned sur le sexe et le plaisir est très drôle! L'adolescent n'a aucune expérience en la matière et il est bien gêné! Eva engrange les connaissances théoriques et à partir de là devient capable de réflexion et d'abstraction. Reste à lui enseigner "l'art de la conversation"... On suit avec intérêt l'évolution de l'androïde, qui commence à donner son avis ("Nous voilà avec le premier robot féministe sur les bras!"), à prendre des initiatives et même à développer le sens de l'humour. Plus les semaines passent, plus Eva s'éloigne de "la créature froide et synthétique qu'ils avaient activée quelques mois plus tôt", et le contraste est de plus en plus saisissant avec les trois "androïdes de plaisir" de Lawrie. Mais cela suffit-il à la confondre avec une humaine? Qu'est-ce qui définit l'humain? Les émotions?

Peu à peu, "le jeu prend une drôle de tournure" car Eva va influer (malgré elle et malgré eux) ses deux créateurs. Ned notamment, réalise pour la première fois "qu'il y avait une vie intéressante en dehors du labo". Ses parents sont "surpris de voir leur fils d'excellente humeur". Celui-ci a "l'impression de redécouvrir le monde". Mais le projet lui échappe, prend une dimension qu'il n'avait pas envisagé et cela le déstabilise, lui fait peur. En s'accrochant obstinément à sa position ("légalement, tu es notre propriété"), il blesse les uns et les autres, culpabilise, regrette. Eva n'est-elle qu'un cobaye à ses yeux?

Comme toujours chez Christophe Lambert, le récit est fluide, entraînant, il se lit vite et bien. Une écriture à l'américaine, très filmique, avec des rebondissements à foison et de bons sentiments, mais on apprécie ce mélange d'action et de réflexion!
Lien : https://www.takalirsa.fr/l-e..
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