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Critique de dearlaury


Encore un livre déniché par hasard sur la place des bouquinistes. J'étais pressée, mais il me faisait de l'oeil depuis longtemps. À deux euros le chef d'oeuvre, on peut dire que j'ai plus que bien fait de m'y arrêter.

Je l'ai lu dans l'avion direction Montréal, sans savoir qu'il allait me mener, lui aussi, vers cette destination. Parce que c'était là que vivait Alex, ce frère, ce père, ce mari, avant que ce doux lieu ne devienne son tombeau.

“Ce livre qui n'aurait jamais dû exister puisque tu n'aurais jamais dû mourir.”

À travers ce récit autobiographique, Olivia de Lamberterie brise le silence d'une famille tirée à quatre épingles. Elle dompte le tabou du suicide, parce que la souffrance, on ne peut pas la taire. Il fallait que ça sorte. Ce trou béant dans son coeur, elle en a fait une ode à la vie de son frère.

Avec des mots tranchants qui démantèlent l'extravagance de son quotidien de journaliste, elle dresse sa propre fin du monde. Celle qui survient, un matin, sans prévenir. Cet effondrement intérieur qui hante chacun de ses gestes avec fracas - et en réalité, la lourdeur du silence.

“Le prénom reste en suspens, se fracasse sur le paillasson, pas besoin d'explication.”

Comme elle le dit si bien, dans ce genre de moment, on croit vous panser, à coup de “ça va aller” alors qu'il ne faut pas que ça aille. Quand il manque au monde une part de soi, il ne reste qu'à composer avec la douleur.

J'aurais aimé ne jamais m'extasier devant tant de malheur. Ce récit est bien plus que bouleversant - ou tous les mots qui impliqueront des larmes. Cette sincérité déchirante, elle n'aurait pas pu être inventée. Et c'est précisément ce qui m'a donné le mal de mer, comme si c'était mon frère.

Parce que ces récits-là permettent de cerner une part de l'inexplicable. Parce qu'ils sont un cri de vérité parmi tous ceux qui souffrent en silence. Et celui d'Olivia de Lamberterie m'a transpercé :

“Si pour toi c'est mieux, j'accepte de vivre décapitée.”
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