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Critique de Meygisan


Ce tome 5 de la série Androïdes est de très bon aloi. Louis assure à la fois le scénario et le dessin, et il interroge le lecteur sur les pulsions de vie et de mort, rien que ça!
Pour cela, il nous met dans la peau de Synn, une Androïde dernier cri, immortel, indestructible, parfaite, une merveille de perfection mécanique. On pourrait dire qu'elle est l'ultime version de son genre. Le fait qu'il est choisi d'en faire une femme n'est pas dû au hasard, nous verrons pourquoi plus loin.
Une question taraude donc notre Synn, qui s'interroge ni plus ni moins sur le sens de la vie, mais comment mourir quand on ne sait même pas si l'on est en vie. Un incident va engendrer un ensemble de réflexion chez Synn, et l'amener pour la première fois de son existence à douter, elle qui est l'incarnation de la perfection. Et ce doute va engendrer d'autres questions et influencer petit à petit son expérience de la mort et la remise en question de son immortalité, et donc de son existence comme résultant de quelque chose de vivant.
Synn va alors à travers ses "missions" éprouver sa propre immortalité en provoquant sa propre destruction, parfois accidentellement, et parfois au fil du temps volontairement. Elle va alors remarquer que son corps met de plus en plus de temps à s'auto régénérer et surtout prendre conscience qu'il a besoin des tissus vivants qui l'entoure pour le faire, ponctionnant dans la nature tout ce qui passe à portée afin de se régénérer. Mais surtout Synn va expérimenter un nouvel état, proche de ce qu'elle considère comme la mort. Et c'est véritablement une pulsion de mort qui va la pousser à chercher plus loin encore. Là où Louis a opéré un sacré tour de force, c'est qu'il a réussi à placer son héroïne dans une sorte de schéma situé entre la vie et la mort. En effet pour se sentir vivante, Synn devra expérimenter la mort. Devenir mortelle va peu à peu se transformer en obsession. Elle mettra alors tout en œuvre, ses connaissances scientifiques, l'observation des indigènes afin de comprendre les phénomènes de vie et de mort.
Le récit oscille donc habilement entre pulsion de mort et pulsion de vie, et le désir de donner naissance. Synn comprendra que devenir mère est impossible pour une androïde. L'idée sera alors lancée. Si sa condition ne lui permet pas d'enfanter, alors qu'elle change de condition....
C'est étonnant la manière dont Louis a construit son histoire en y mêlant habilement les thèmes de la mort, de la vie, de la mortalité et de l'immortalité, de l'enfantement et de l'amour, et comment il a réussi à les placer en parallèle ( l'immortalité de Synn fait elle réellement d'elle un être vivant? le fait d'être mortel permet il en réalité d'être vivant et d'apprécier la vie à sa juste valeur?) de sorte qu'il créé une forme de paradoxe. Est ce dans la recherche et la compréhension de sa propre mort ( la prise de conscience de son irrévocabilité) qu'on devient vivant? Est ce dans la connaissance de sa propre fin que l'être humain se perpétue? La vie n'a t'elle de sens que parce qu'elle est éphémère et parce qu'elle est indissociable de la mort?
Et pour finir en beauté, il était logique que Synn soit une femme pour repeupler l'humanité...
De biens belles interrogations dans cet ouvrage qui risque de donner un certain mal de crâne aux moins philosophes d'entre nous... ou aux plus barré(e)s... Quoi qu'il en soit, il s'agit là d'une bd qui dépasse largement sa simple fonction d'objet de divertissement. De temps en temps, il fait bon se prendre un peu la tête....
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