C'était une des grandes règles de la loi de la jungle : les losers, personne n'en a rien à cirer.
"Le Dr Avakian m'a fait savoir que vous souhaitiez être informé des détails concernant la prise en charge de Samantha.
- En effet.
- Je suis bien consciente que ce n'est pas évident pour vous en ce moment, mais nous devons évoquer ensemble l'aspect financier de son séjour chez nous.
- Je vous écoute.
- Malheureusement, Sam n'a pas de mutuelle, et elle gagne trop pour pouvoir prétendre à une aide sociale de type Medicaid.
- Ce qui veut dire ?
- Ce qui veut dire qu'en sa qualité de patiente "indépendante", comme on les appelle, le coût du traitement sera à sa charge. Nous pourrons lui accorder une remise, mais je ne vous cache pas que la facture finale sera lourde. Dans ce genre de cas, nous proposons un transfert au County USC Médical Center, qui est un établissement public. On y pratique des tarifs moins élevés , et ils ont davantage de solutions à proposer aux patients à faibles revenus."
Petty se carra dans son siège et contempla avec satisfaction la végétation désertique qui défilait au bord de l'autoroute. Dans ce paysage lunaire de neige à moitié fondue, les touffes d'herbe jaune poussant tant bien que mal lui évoquaient des flammes dansantes. Il était toujours content de prendre la route. C'était le signe qu'il allait se passer quelque chose. Peut-être en bien, peut-être en mal, mais quelque chose. Et ce brusque flot de possibilités atténuait toutes les déceptions qui avaient pu le précéder.
- T'es au courant que je suis pas le méchant qui veut te dépouiller, hein ? Moi, je suis le gentil, celui qui veut t'aider à le garder.
Quand le cocktail de Petty arriva, il leva son verre pour trinquer.
"A nous, dit-il simplement.
- Et à tous les autres", ajouta Yvonne. (Tinafey)
Oui, pensa Petty. Pourquoi pas ? A tous les autres. A Sam et Joanne, à Beck et aux Frenchies, au pauvre Tony et au cow-boy qui s'était fait prendre entre deux feux, à Hug et Carrie, et - tu sais quoi ? Après tout, on s'en fout - à Don, et même à ce connard d'Avi, à tous les chanceux et les malchanceux, les escrocs et les escroqués, les vivants et les morts. A tous.
- Au cas où t'aurais pas remarqué, je ne touche pas aux flingues.
Diaz remit le flingue dans sa poche et se rendit à la cuisine. La bestiole qui fouillait dans les déchets s’enfuit à son arrivée. Il perçut distinctement le bruit de ses griffes sur le lino gondolé. Il se mit à la fenêtre qui donnait sur le garage en ruine au bout de l’allée. Devant lui, l’évier débordait d’assiettes sales. Respirant par la bouche, il regarda le flic actionner la poignée et faire basculer la porte en métal. (…) Le flic sut tout de suite où chercher, bizarrement. Il déplaça une marmite à tamale et un sac de couchage, enfonça une main dans le trou et en sortit deux cabas de chez 99 Cents Only. Il regarda à l’intérieur pour vérifier puis ressortit du garage, qu’il referma. Ce mec est un ripou. Ca fit tilt dans l’esprit de Diaz.