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Critique de lemurmuredesameslivres


États-Unis, 1976. Deux frères, un gang de motards nommé Démons et un père endeuillé sillonnent le sud-ouest du pays. Tous à leur manière sont des chasseurs, aucun d'entre eux ne se connaissent, jusqu'à ce que leur route se croise. Dans ce roman choral, Richard Lange nous emmène au coeur d'une Amérique où règne la noirceur, celle des exclus de la société qui tentent de survivre, bien loin du rêve américain, dans l'indifférence la plus crasse.

Ce roman raconte l'histoire de vagabonds, sans domicile, sans emploi, sans cesse en mouvement, parcourant le pays sans but précis si ce n'est celui de survivre. Car ces vagabonds ne sont pas humains. Ce sont des êtres quasiment immortels, qui se nourrissent de sang et vivent la nuit, à l'abri des rayons ardents du soleil. Vampires ? Oui certes, mais ce serait réducteur de les nommer ainsi, en référence à un imaginaire bien trop ancré dans nos esprits et qui ne reflète pas tout à fait ce qu'ils sont en vérité. Car ces vampires-là sont tellement humains que si ce n'étaient ces particularités étranges, l'on pourrait les croire semblables à nous en tous points. Ils ont leurs parts d'ombre et de lumière, bien que, comme nous, certains soient plus mauvais que d'autres.

Un roman qui offre des points de vue différents, à commencer par celui de Jesse. Jesse est un vagabond, qui s'occupe de son frère Edgar, « handicapé mental », depuis le décès de leur mère, il y a de cela soixante-dix ans. J'ai été particulièrement touchée par la relation entre ces deux personnages, mais surtout par Jesse, pour lequel mon attachement a été foudroyant. Un être empreint de mélancolie, et qui semble porter tout le poids du monde sur ses épaules. Il faut dire que son frère n'est pas facile. Un grand type ayant l'apparence d'un cinquantenaire mais avec l'esprit d'un enfant. Alors il faut lui parler, le rassurer, lui expliquer l'art de ne pas se faire prendre, et comment faire taire le petit diable qui accapare son esprit. Un diable à l'appétit démesuré, bien souvent mauvais conseiller, qui n'apporterait que son lot de peines. Une fois par mois, les frères se nourrissent de marginaux dont la société s'évertue à nier l'existence et qui ne manqueront à personne. Mais, quand leur chemin va croiser celui de Johana, une jeune humaine serveuse dans un bar, leur existence va s'en trouver toute chamboulée.

Johana ressemble comme deux gouttes d'eau à son amour perdu, ce qui plonge Jesse dans un dédale de souvenirs. Sans le savoir, elle va semer le chaos dans leur existence fragile, en volant le précieux bien d'un gang de motards aux dents longues, les Démons. Un bien convoité par tous les vagabonds, dont les propriétés incroyables sont capables d'assouvir la soif pendant une année. Menés par Antonia et Elijah, ces Démons ne seront pas prêts à lâcher l'affaire, il en va de leur honneur, ils poursuivront leurs proies sans relâche, « dans un bruit de tonnerre », la vengeance en étendard.

Mais les vagabonds ne sont pas les seules voix de ce récit, il y a aussi celle des victimes, par le biais de Charles Sanders, un humain dont le fils Benny a été assassiné dans des circonstances étranges, deux ans auparavant, à Los Angeles. Incapable de trouver le repos, il a quitté sa femme pour arpenter les routes des États-Unis, espérant retrouver le meurtrier de son fils et réclamer vengeance. Lui aussi est un laissé-pour-compte, un homme noir que la police a eu tôt fait d'évincer, peu concernée par sa soif de vérité.

Alors que chasseurs et proies se confondent dans les profondeurs de la nuit, la tension et l'adrénaline s'invitent, exhalant une odeur âcre de poussière et de sang. le rythme presque contemplatif des premiers chapitres laisse place à des scènes d'action haletantes, où la violence semble la seule réponse possible. Une intrigue efficace et un dernier acte époustouflant !

Avec Les vagabonds, Richard Lange nous propose un roman étonnant, à la croisée des genres, flirtant avec le fantastique, le thriller, mais aussi le roman noir. Un livre touchant, empreint de violence, à la fois tragique et poétique. Je ressors conquise par cette lecture !

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Caroline - le murmure des âmes livres
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