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Critique de nescio667


Coincé dans un job de garçon de café new-yorkais, Ian Minot désespère de voir un jour ses écrits publiés. L'injustice de la situation le frappe au quotidien : il ne cesse de croiser nombre de quidams semblant dévorer les soi-disant mémoires de truand repenti écrites par une brute du nom de Blade Markham, une brique insipide, mal torchée et truffée de mensonges. A côté de cette oeuvre de bas étage, ses textes à lui, objectivement, se révèlent de l'avis de ses quelques amis -et de celui de sa superbe petite amie Anya- bien écrits, sensibles et empreints d'une sorte de doux réalisme mélancolique propre à toucher le plus grand nombre de ses contemporains. Mais voilà, envers et contre tout, la nouvelle coqueluche des médias new-yorkais se nommait Blade Markham, vendeur de mémoires en gros et non pas Ian Minot, auteur méconnu. Profondément honnête, Minot va pourtant se voir accepter un étrange marché, proposé pourtant par un de ces incompréhensibles lecteurs de la brique markhamienne. Lui aussi auteur contrarié, Jed Roth bénéficie d'un atout qui décidera Ian à franchir la ligne : il a travaillé de nombreuses années pour une des plus prestigieuses maisons d'édition new-yorkaises et sait ce qu'il faut faire pour s'assurer publication et succès. En pilotant de loin Ian, Jed Roth se donne également les moyens d'assouvir sa soif de vengeance sur le monde de l'édition qui, dit-il, l'a injustement rejeté quelques années plus tôt. de son côté, Ian ne se doute absolument pas des conséquences rocambolesquement aventureuses de son alliance avec Roth.
Brassant quelques-uns des grands thèmes du roman d'aventure (chasse au trésor, personnages flamboyants et typés) et du roman policier (faux-semblants, double-jeu, arnaque), ce récit d'Adam Langer nous plonge dans les méandres du monde de l'édition, dont il démonte joyeusement les mécanismes pour mieux nous les jeter presque simultanément à la figure. En gros, si vous voulez être sûr d'être publié et d'avoir du succès, la recette de Langer se résume en quelques mots. Faites-vous écrire une histoire la plus incroyable possible, par un écrivaillon sous-doué, truffez-la de fautes de syntaxe et d'orthographe et envoyez-là à un éditeur avec pour sous-titre : « Mémoires ». Plus c'est gros -au propre comme au figuré- et mieux ça passe. Il suffit de vous promener dans le rayon librairie d'une grande surface pour constater à quel point sa recette semble avoir été adoptée par nombre d'auteurs qui se vendent. La démonstration de Langer ne revêt toutefois aucun caractère pédagogique ni ne verse jamais dans une amertume déprimante. C'est très joyeusement et avec un art assumé du rebondissement cher à Alexandre Dumas qu'il nous entraîne à la suite des mésaventures de son anti-héros, Ian Minot qui, parfois, revêt des allures de personnage looser à la Brett Easton Ellis. Véritable hymne aux bons livres, ceux qui développent une intrigue en béton, nous distraient et nous édifient dans une mesure subtilement dosée, 'Les Voleurs de Manhattan' trouve très justement sa place dans le catalogue de qualité que sont en train de bâtir les éditions Gallmeister depuis quelques années.
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