Prenez garde à ne pas chuter dans les escaliers…
— Je ferai preuve de la plus exquise des prudences, monsieur le baron… glissa Plaisant en adressant à son maître un regard des plus noirs.
— Peu me chaut que vous vous rompiez le cou, renchérit le baron, prenez garde à la bouteille, c’est là tout ce que je vous demande…
Le samedi 17 juin donc, trois semaines après leur départ de la gare de Charing Cross à Londres et le début de cette extraordinaire aventure, et plus de vingt siècles après Hannibal Barca et ses armées, Walter Sinclair, le baron de Münchhausen et Plaisant s’apprêtaient à s’élancer à leur tour à dos d’éléphants à l’assaut de la péninsule Italienne, en franchissant successivement les Pyrénées, le Rhône et les Alpes.
— Et en combien de jours estimez-vous que nous rallierons Madrid ?
— En quittant Londres dès demain soir, si les eaux et les vents du Channel nous sont favorables, si les trains de nuit nous permettent effectivement de relier Toulouse depuis Paris en vingt heures, conjectura le baron, nous pouvons raisonnablement espérer être à Madrid dans… trois jours.
[...]
— Des incidents ? des retards ? des délais ?… sur les lignes de la Société nationale des chemins de fer ? Et pourquoi pas des grèves ? Vous n’y pensez pas…
Sir Reginald Sinclair ne daigna pas lever le chef lorsque son fils se retira. Il était 7 h 11. L’entretien avait débuté à 7 h 09 et n’avait en tout et pour tout pas duré plus d’une 1 minute, 33 secondes et 42 centièmes