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Critique de latina


J'adore être violentée intellectuellement.
Et Tom Lanoye, l'auteur de « Troisièmes noces », l'a deviné, au-delà de toute espérance.

Fichtre ! Quel écrivain ! Si j'avais su que j'allais m'aventurer dans ses parages...je m'y serais précipitée quand même.
Oui, il m'a violentée. Moi qui adore les univers de tendresse, de douceur, de compréhension, j'ai été confrontée dès la première page à un être cynique, désabusé, profondément dépressif, qui proclame : « Rien n'est pire que l'espoir. L'humanité s'en porterait bien mieux si elle voulait bien enfin s'en rendre compte. Il faut apprendre à nous foutre la paix les uns aux autres. A part cette certitude, je ne possède rien. Personne ne possède rien. »

Cet homosexuel dont le compagnon est mort d'une longue et pénible maladie touche le fond de la décrépitude émotionnelle. Lui, l'amateur d'art (sa maison d'Anvers est d'ailleurs classée, car symbole de l'Art Nouveau), le chantre de la lumière (il travaillait dans l'industrie cinématographique et a recensé mille décors fulgurants), considère ses semblables comme des primates, et entre autres les écoliers comme de la racaille, les nourrissons au sein comme des têtards. Bref, la négation absolue de la bienveillance.

J'étais à deux doigts de jeter le livre, de l'écraser, de le mordre. Mais quelque chose me disait que je ne DEVAIS pas.
En effet, ce malotru à la puissance mille « accueille » (ses motivations sont toutes financières) une jeune déesse noire en mal d'intégration. le mariage blanc se profile, et déjà les employés du contrôle de l'immigration s'immiscent dans leur intimité. Je ne raconterai pas plus, car les tribulations de ce duo improbable m'ont secouée, qu'elles me jettent dans un tram où une bande de 5 jeunes fait la loi, ou au « Centre fermé » en bord de la mer du Nord où les immigrants en demande d'asile sont parqués.

Décrépitude émotionnelle, ai-je dit ? Eh bien, non ! Cet homme improbable m'a attirée dans les replis ultimes de son âme, en décortiquant avec voracité les sursauts de son corps (ouh là là les descriptions sexuelles très crues), de ses sentiments et de notre société malade. le tout servi dans une langue à croquer.

Merci aux éditions de la Différence de m'avoir offert ce roman publié dans la section « Littérature étrangère », même si pour moi c'est la littérature de mon pays. Et j'en suis fière !

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