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Critique de Biblioroz


Un pays, une terre en Afrique, peu importe l'emplacement géographique exact. Un pays où depuis des années des miliciens sèment la terreur, violent femmes et jeunes filles, volent, égorgent, transpercent et massacrent les villageois.
Voilà huit mois que Séraphine a les chairs meurtries par le viol des miliciens et l'âme torturée par le massacre de sa famille.
Elle gomme sa féminité désormais inutile, pour ne laisser place qu'à la guerrière, une guerrière vengeresse. Elle fait partie de l'armée régulière pour combattre afin que son pays revive.
Tuer ne fait plus peur, tuer est son seul avenir. Tuer est nécessaire pour sauver, pour protéger les autres.

« Quiconque tente de grignoter ma maigre parcelle de vie je le tue »
Tout au long du roman, des phrases prophétiques du même type sont scandées par les guerrières.

Plusieurs voix se livrent à la caméra et au micro d'un ou d'une journaliste. Des jeunes qui sont nés dans ce monde habité par la violence.
— La voix de Séraphine qui donne les raisons de son douloureux cheminement vers son statut de guerrière. Avait-elle d'autres choix ? Toutes ces femmes violées et déchirées ont-elle réellement le choix ? Elles sont nées dans ce pays en guerre et en tant que femmes quel avenir s'offre à elle ? Elle a quitté ses tongs pour chausser des Doc Martens et marcher vers la guerre. La mort de son ancien bonheur est d'autant plus dur qu'elle n'en mesurait pas le prix lorsqu'elle pouvait encore le vivre.
— La voix du médecin qui lutte pour sauver les vies cassées de son pays.
— La voix de Nerine, une paysanne sur le passage de Séraphine et qui, grâce à cette rencontre unique, va pouvoir continuer à travailler au champ.
— La voix de Blandine, avec sa rage de vaincre, qui forme des nouvelles lionnes impavides pour défendre ce pays meurtri.
— La voix de Mélusine, la renégate, celle qui faisait partie du clan des miliciens.
— Et enfin, parmi toutes ces voix féminines, celle de Kadhi, jeune homme qui ouvre une fenêtre au milieu de cette noirceur.

Céline Lapertot met des mots sur l'innommable avec des phrases d'une dureté implacable. L'analyse qu'elle nous fait de la douleur, de la souillure du corps violé est dure. C'est glaçant.
Beaucoup de questions souvent sans réponse. L'auteure en supprime même les points d'interrogation. Il y en aurait trop tout au long de l'histoire de Séraphine et de ses soeurs africaines.
Son roman est touchant, poignant mais ne manque pas non plus de lumière et d'espoir. N'hésitez pas à suivre ces femmes déterminées qui avancent pour triompher de la barbarie des hommes en se battant et en continuant à danser, des danses de souffrances mais aussi des danses de survie.

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