Oui, brûler, d'une passion peu commune, celle des mots, que l'on hurle, que l'on murmure, que l'on chante, que l'on griffonne, entre deux tasses de café tiède. Elle a en mémoire le courage qu'il lui a fallu pour entrer au Conservatoire, vaincre les stéréotypes, faire transpirer sa peau de tout le talent dont elle dispose, jusqu'à en faire oublier sa couleur. Entrer dans la lumière, parce qu'on s'est fait une promesse, à soi et aux autres : épouser la vie. Toutes les vies. Toutes celles qu'on aurait à vivre, des succès aux dégringolades, des chagrins d'amour aux ivresses réciproques. Tout vivre.
Tout écrire et tout déclamer, sur scène.
Ce mot est le plus fort et le plus juste que la langue française recèle en son sein : la dignité. Il fait se lever le soleil chaque matin, quand on n'arrive plus à promettre l'aube, il fait les vagues, il fait le ciel, il fait la texture et la douceur de l'ivresse, il fait l'ombre et la lumière et sait dans quelles eaux vives s'évaporent les nuages qui tempèrent la violence des colères trop longtemps contenues. Il sait de quel sang est fait le corps des hommes, quelles larmes coulent sur les joues de mères seules, de quel soin a besoin la colonne vertébrale après une chute rapide pour se préparer au nouveau combat.
Relève-toi, nom de Dieu, il y va de ta dignité.
Grandir, grandir, c’est aussi faire entrer en soi le regard des gens, leurs incompréhensions et leurs jugements de valeur, leur petite perfidie quand ils ne boudent pas leur plaisir de l’avoir vue chuter. Ça lui fera les pattes, ça lui fera du bien , ça l’incitera à plus d’humilité, elle se mettra moins en avant, dorénavant, elle tempérera la confiance qu’elle peut avoir en elle. P.133
Les chagrins d’amour font partie de ces chants d’exil qu’elles ont chantés toute leur vie. L’exil du cœur, l’un des pires. L’un de ceux qui nous tourmentent le plus, labourent notre corps, trouent nos nuits de sommeil, tout au long de ces heures où le désir de l’autre est si fort que l’on voudrait mourir. P170
Ce mot qui brûle, ce mot qui fait se relever.
Ce mot est le plus fort et le plus juste que la langue française recèle en son sein : la dignité. Il fait se lever le soleil chaque matin, quand on n’arrive plus à se promettre l’aube, il fait les vagues, il fait le ciel, il fait la texture et la douceur de l’ivresse, il fait l’ombre et la lumière et sait dans quelles eaux vives s’évaporent les nuages qui tempèrent la violence des colères trop longtemps contenues. P.132
Un texte éloquent, pour Karelle, c’est comme une prière. Elle les récite chaque soir comme des discours : elle active sa mémoire à long terme. Chaque mot est un apport d’oxygène qui circule dans ses veines. P.127
Les mots sont encore plus beaux quand on les prononce avec aisance à l’oral, quand on les fait danser, le corps incliné vers l’avant, les poings battant l’air, les yeux rivés sur les membres du jury, pour leur transmettre cette passion qui nous habite et ne nous quitte plus. P.123