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Critique de StCyr


StCyr
10 février 2021
Archibald Olson Barnabooth occupe la position, ô combien enviable - aux yeux du commun des mortels, d'homme le plus riche du monde. Pourtant... D'origine Sud-américaine, mais d'un cosmopolitisme défiant toute attache, l'homme a hérédité d'une fortune colossale, bâtie dans le commerce du guano. Pecunia non olet. Désirant se réaliser, il a tranché dans le vif pour se libérer de toutes attaches... en réalisant sa fortune, comprenez en ce débarrassant de toutes ses demeures, casinos, écuries privées, voitures, titres boursiers ... pour être libre selon lui et voyager léger. Problème : le jeune homme traverse une crise existentielle. La vie de poète dilettante, d'esthète, l'éternelle promenade de capitale en ville européenne, de boutique en magasin, de Palace en résidence éphémère, c'est amusant certes, çà étourdit un moment, mais tuer le temps çà n'est pas vivre, surtout quand tout vous est possible. Mais peut être que le problème vient de là, prendre place au festin de la vie, déjà rassasié, mais l'âme vide. Car quand on a guère de soif d'étude, d'ambition de réussite ou de doctrine comme mode d'emploi de l'existence, l'horizon peut sembler singulièrement restreint. Barnabooth a bien des velléités d'amour, mais ses conceptions en la matière, très traditionnelles, ne sont guère au goût de celles qu'il honorerait volontiers d'un mariage princier, et quant aux amitiés, transcendant les milieux, çà n'est finalement que des interludes peu satisfaisants, bien qu'il essaye de tirer une philosophie de vie des soliloques de ses connaissances.


Prenant la forme d'un journal intime, le présent récit est une manière de roman de formation. C'est un peu la vie hyperbolique de l'auteur lui-même, grand voyageur, qui n'eut guère à s'encombrer l'esprit de soucis financiers, ni à vivre des lettres. Et cependant, Valéry Larbaud est un remarquable écrivain, à la plume alerte et brillante, étant doué d'un vrai sens de la formule, du trait d'esprit, bref d'un style délectable. A la lecture du présent texte, on se dit que l'écrivain, éclipsé par ses illustres contemporains, Proust, Gide ou Valery, mériterait qu'on le sorte de l'oubli relatif dans lequel il subsiste, attendant l'hypothétique mais "fortuné" lecteur.
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