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Citations sur A.O. Barnabooth, son journal intime (29)

Il y a les formules grossières que tous les gens des classes moyenne achètent : respect de l'ordre social, notions morales, le Devoir. Un peu plus riches, et ils auront un peu mieux ! L'honneur, la morale des bons Pères, le Stoïcisme. Ça correspond aux bijoux que portent leurs femmes :bijouterie de province, bijouterie des grands magasins; rue de la Paix. Il y a mieux : doctrines ésotériques, la vie simple. Tolstoï, Nietzsche : les émaux et les bijoux signés. Et c'est aussi inutile que les bijoux : ils s'en parent, ils ne s'en servent pas. Toute leur vie ils portent leur formule, comme les sauvages portent leur anneau dans le nez; et ils vivent toutes leurs années, s'en même chercher sincèrement à se mettre d'accord avec leur formule.
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J’aime les librairies danoises. Elles me semblent contenir tout ce que je voudrais savoir, et sous une forme nette et jolie. Les mots danois ont quelque chose de fin et de rare : de l’allemand plus aristocratique, de l’anglais moins familier ; une langue ornée de toute la dignité des idiomes littéraires, et dont l’orthographe semble avoir été fixée par de grands humanistes épris de grec et de simplicité. Désir de me mettre enfin sérieusement à l’étude des langues scandinaves. Et puis, à quoi bon ? 
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Cela n’est rien ; une invitation à laquelle on n’a pas répondu, et l’instant passe ; la peine d’avoir fait de la peine à quelqu’un qu’on n’aime pas ; l’intelligence qui voudrait pouvoir accepter davantage ; la vanité qui reparaît sous un nouveau masque ; le geste déjà fait, les paroles déjà dites ; la vieille pitié pour le sot qui affirme, qui réclame contre l’ordre établi, et qui se fâche ; les yeux de l’amour qui vous ont regardé un moment à travers les yeux de quelqu’un, et déjà ce visage se détourne ; le silence des pauvres qui meurent tous les jours pour nous ; le murmure des gens qui prient pour nous dans les couvents … Ah ! ce n’est rien que la petite méchanceté de vivre … 
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Qu'il le veuille ou non, l'homme qui vit avec une femme s'assagit et se range. Tournier de Zamble, qui a déjà pas mal vécu, me l'a dit un jour : les liaisons commencent dans le champagne et finissent dans la camomille.
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Puis je m’acheminerai vers mes terres de l’intérieur. J’avais essayé d’imaginer cette existence, aussi : les courses à cheval, le ranch, des amitiés avec des hommes rudes, le contact quotidien avec des grandes âmes plébéiennes. « O camarero close !” Eh oui, c’était de la poésie à la Walt Whitman ; quelque chose de très beau ; mais la vie ne se conforme pas souvent aux œuvres des grands classiques. Non, je ne sais rien de ce qui m’attend (…).
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Et mes richesses non plus ne me reprendront pas. La tentation est forte, pourtant. Y a t-il quelque chose au monde de plus beau que la richesse ? Elle semble matérialiser l’esprit et projeter dans la vie de la rue la splendeur intérieure de l’homme. L’automobile par exemple, belle comme une pensée, toute en transparences et en reflets : glaces, vernis, cuivres. Et les belles femmes dedans, et le chauffeur au manteau brodé d’une ganse d’or aux armes de la maison et près du chauffeur, un moustique de petite fille aux longues jambes, roulée dans de molles étoffes de couleurs fondantes. La richesse qui nous escorte partout, avec de petits soins, des attentions délicates, pas de bruit, de l’air, de la propreté, une odeur de linge frais et de cuir fin, et la marche devenue médecine, et toutes les forces naturelles à notre service : pour nous monter, pour nous porter, nous descendre, nous aider. A cela aussi j’ai renoncé : le gêne du luxe bourgeois, le souci d’un train de maison. Encore une évasion et un agrandissement. 
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J’aime cette humble vanité des gens qui sont fiers de leurs relations, de leur argent, de leurs titres nobiliaires, de leur savoir, de leurs talents. Je trouve cela touchant, moi qui souffre d’avoir atteint le centre d’indifférence, de voir que des gens peuvent se laisser prendre aux apparences de la vie. Il y a donc des hommes assez naïfs pour, étant nobles, se croire supérieurs aux ignorants ? Oh ! être l’épicier qui déteste de tout son cœur l’épicier d’en face, ou bien le riche négociant retiré qui meurt d’envie d’être reçu chez son voisin châtelain, ou bien l’homme de lettres qui se croit important parce ce qu’on parle de ses livres ! – Mais n’est-elle pas touchante aussi la grande vanité de l’orgueil que j’éprouve à me sentir supérieur à toutes ces petites vanités ?
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En effet, j’éprouve toujours ce sentiment que j’éprouvais dans mon enfance : le sentiment d’être supérieur à tous ceux qui avaient passé la nuit à dormir.
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 J’ai senti que j’étais très humble, parce que je ne trouve rien de trop beau, et par suite rien de trop modeste pour moi, dans le monde.
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Car il est bien vrai que les pauvres ont le droit de croire qu’ils ont plus d’esprit que nous autres riches : la nécessité les rend subtils, l’envie leur aiguise le sens ; qu’ils fassent un héritage et bientôt ils laisseront leur intellect en friche.
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