Où vivre, sinon ?

XVIII

Si le chagrin pouvait
Tel un charbon enfoui se consumer,
Le cœur se reposerait calme,
L’âme indéchirée serait
Tranquille comme une voile ;
Mais la nuit entière j'ai regardé

Grandir du feu le silence,
La cendre grise en douceur s'accroître :
Et je remue le réfractaire silex
Que délaissent les flammes dans l’âtre,
Et le chagrin se remue, et le dextre
Cœur gît dans l'impuissance.

(p. 31)

Les arbres

Les arbres en feuilles nous reviennent
Comme une chose dite juste à peine ;
Les bourgeons nouveaux se déploient et s'affaissent,
Leur verdeur a une espèce de tristesse.

Serait-ce parce qu'ils sont nés derechef
Et que nous vieillissons ? Ils meurent aussi, non !
Chaque an leur truc pour se donner l'air neuf
Est écrit sur le grain du bois en ronds.

Toujours est-il qu'à chaque Mai s'étoffent
Châteaux mouvants de frondaisons épaisses.
L'année dernière est morte semble être leur annonce
Recommence toi-même à neuf, à neuf, à neuf !

L'importance de l'ailleurs

Solitaire en Irlande, puisqu'il n'était pas chez lui, l'
étrangeté avait un sens. La rebuffade de sel de la parole,
Insister donc la différence, m'a fait souhaiter la bienvenue:
Une fois que cela a été reconnu, nous étions en contact

Leurs rues courants d' air, en bout de collines, les faibles
odeur Archaic de dockland, comme une écurie, le
cri du hareng Hawker , diminuant, est allé
pour me prouver séparé, pas irréalisable.

Vivre en Angleterre n'a pas une telle excuse :
ce sont mes coutumes et mes établissements.
Il serait bien plus grave de refuser.
Ici aucun ailleurs ne garantit mon existence.

BESOINS



Par-delà tout ceci, le voeu d'être seul :

Pourtant le ciel s'obscurcit de cartes d'invitation

Pourtant nous suivons les voies toutes tracées du sexe

Pourtant la famille est photographiée sous la hampe du drapeau -

Par-delà tout ceci, le voeu d'être seul.





Tout en deça, court le désir d'oubli :

En dépit des astuces du calendrier,

De l'assurance-vie, des rites de fertilité programmée,

Des yeux qui se détournent coûte que coûte de la mort -

Tout en deça, court le désir d'oubli.

WANTS



Beyond all this, the wish to be alone :

However le sky grows dark with invitation-cards

However we follow the printed directions of sex

However the family is photographied under the flagstaff -

Beyond all this, the wish to be alone.





Beneath it all, desire of oblivion runs :

Despite the artful tensions of the calendar,

The life insurance, the tabled fertility rites,

The costly aversion of the eyes from death -

Beneath it all, desire of oblivion runs.

Ignorance

Étrange de ne rien savoir, de ne jamais être sûr
De ce qui est vrai ou juste ou réel,
Mais forcé de qualifier ou du moins je le sens,
Ou bien, il semble que oui :
Quelqu'un doit savoir.

Étrange d'être ignorant de la façon dont les choses fonctionnent :
leur habileté à trouver ce dont ils ont besoin,
leur sens de la forme et la propagation ponctuelle des semences,
et leur volonté de changer ;
Oui, c'est étrange,

Même de porter une telle connaissance - car notre chair
nous Entoure de ses propres décisions -
Et pourtant passer toute notre vie dans des imprécisions,
Cela quand nous commençons à mourir
Ne sais pas pourquoi.

L'eau

Si j'étais appelé à
construire une religion,
je me servirais de l'eau.

Aller à l'église
Entraînait un passage
à gué Pour sécher, des vêtements différents;

Ma litanie emploierait des
Images brouillées
Un déluge furieux et dévot,

Et je devrais élever à l'est
Un verre d'eau
Où la lumière de n'importe quel angle se
rassemblerait sans fin.

À ma femme

Le choix de vous fait taire cet éventail de paon
L'avenir était, dans lequel se répandait avec tentation
Tout ce que la nature élaboratrice peut.
Potentiel incomparable ! mais illimité
Seulement tant que je n'ai rien élu ;
Le simple fait de choisir s'est arrêté dans tous les sens sauf un,
Et a fait battre les oiseaux des buissons.
Pas d'avenir maintenant. Moi et toi maintenant, seuls.

Alors pour ton visage j'ai échangé tous les visages,
Pour tes quelques propriétés négociées les rapides
Bagages, l'habit de l'homme-masque-et-magique.
Maintenant tu deviens mon ennui et mon échec,
Une autre façon de souffrir, un risque,
Une hypostase plus lourde que l'air.

Musique de nuit

A une heure le vent se leva,
Et avec lui le bruit
Des peupliers noirs.

Depuis longtemps les vivants
Par une mince ficelle
Étaient conduits dans leurs rêves
Où les lanternes brillent
Sous un voile immobile
De ruisseaux qui tombent;
Depuis longtemps les morts
S'étaient tranquilles
Dans le sol léger.
Il n'y avait pas de bouches
Pour boire au vent,
Ni d'yeux
pour aiguiser sur le
vaste paradis des étoiles ,
Seul le bruit De
longs arbres aux muscles sifflants s'élevaient
, les peupliers noirs.

Et dans leur solitude ardente
Les étoiles chantaient dans leurs orbites toute
la nuit :
"Soufflez brillant, soufflez brillant
Le charbon de ce monde non vivifié."

Peau

Tenue quotidienne obéissante,
Vous ne pouvez pas toujours garder
Cette surface jeune et infaillible.
Vous devez apprendre vos lignes -
Colère, amusement, sommeil ;
Ces quelques signes intimidants

Du
vent grossier continu chargé de Sable, le temps ;
Vous devez épaissir, travailler en vrac
Dans un vieux sac
Portant un nom souillé.
Parch donc ; être rugueux; affaissement;

Et pardonnez-moi, que
je pourrais trouver, quand vous étiez nouveau,
aucune fête impétueuse
à vous porter, comme les
vêtements ont droit à
jusqu'à ce que la mode change.