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EAN : 9782362800061
272 pages
Editions Thierry Marchaisse (03/11/2011)
3.97/5   15 notes
Résumé :
Réfugiée en Angleterre, lors de la seconde guerre mondiale, Katherine Lind y survit solitaire, confrontée à la vie étriquée d’une bibliothèque de province.
L’exil l’a coupée de tout. Ne subsiste, au milieu d’un hiver impitoyable, que le souvenir d’un mois d’été dans la campagne anglaise lorsque, six ans plus tôt, écolière encore, elle était venue rendre visite à son correspondant, Robin Fennel. Pourtant, il s’est passé peu de choses entre elle et ce garçon, ... >Voir plus
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Philip Larkin inscrit ses pas dans ceux de Katherine, une jeune fille durant une journée d'hiver pendant la seconde guerre mondiale.
Largement inspiré de Virginia Woolf, l'auteur n'a cependant rien à envier à son prédécesseur pour retricoter ici vingt ans après le récit introspectif de sa nouvelle Mrs Dalloway. le rythme est lent, les mots simples claquent pour nous décrire les actes manqués de son héroïne. Un texte de toute beauté.
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Chaque époque a ses affections psychologiques. Cela peut paraitre déconcertant, mais si l'on considère qu'elles sont liées au mode de vie, et combien ces derniers peuvent changer rapidement, c'est en définitive logique. En 1930 ainsi, on ignorait la dépression ou le burn-out. En revanche, la neurasthénie faisait des ravages. On la croise encore dans Dostoïevski, et dans bien d'autres. Et ici.

Une façon plus qu'originale d'aborder la vie en Angleterre pendant la guerre, qui s'écarte résolument des sentiers battus. le Blitz, l'évacuation des enfants, les V1… Vous n'y lirez rien de tout cela. Katherine a fui son pays natal, l'Allemagne ou l'Autriche sans doute, pour échapper au nazisme. Réfugiée dans une ville industrielle du nord de l'Angleterre, elle y gagne sa vie comme bibliothécaire. Alors qu'un hiver polaire s'étend sur la ville, elle mène une vie morne entre ses collègues détestables et le vieux galetas où elle a posé ses valises. Une nouvelle inattendue vient lui rappeler son premier voyage en Angleterre. Un voyage scolaire pendant les grandes vacances, quand elle était encore lycéenne, dans la famille de son correspondant anglais, Robin.

La chaleur de cet été tiré de ses souvenirs contraste avec le froid du présent ; l'insouciance de cette époque avec le rationnement et la guerre en toile de fond. Et Katherine elle-même, vivant dans la solitude et brisée par l'exil, ne ressent plus ni désirs ni sentiments et traine sa vie morose comme la soeur de Robin, qu'elle avait rencontré cet été là.

L'écriture, fine et simple à la fois, développe largement la psychologie et les sentiments des personnages, leurs donnant des personnalités très travaillées dont tous les points tranchants – et souvent peu naturels – dont un auteur aime à doter ses créations ont été soigneusement gommés. Ils n'ont ni destin ni vocation. Ils errent à l'aveuglette, et seul celui qui croit savoir où il va se perdra.
Merci à toi pour cette découverte, Nathalie. Elle valait le détour.
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« De temps à autre, il émettait un reniflement puissant et chargé. C'était un homme maigre et desséché d'environ quarante ans, avec un visage ridé, étroit, et de fines lunettes. Son costume était crasseux, elle détestait sa cravate, et il portait un pull-over dont les manches lui tombaient sur les poignets. Avec ses cheveux bien gominés et ses traits parfois agités de tics, il ressemblait à un employé de gare traumatisé par un bombardement. »

Katherine Lind est bibliothécaire dans une ville du nord de l'Angleterre. C'est une réfugiée d'environ 22 ans. Son pays d'origine, jamais nommé, se trouve sur le continent, où la seconde guerre mondiale fait rage. Son reste d'accent ne lui permet pas de passer inaperçue.

En ce samedi matin d'hiver, extrêmement glacial, rien ne va. Elle se fait rabrouer par son chef, le terrifiant M. Anstey dont le portrait physique ci-dessus rejoint son caractère moral, pour une erreur de transmission d'un volume. de plus celui-ci lui intime de raccompagner chez elle une jeune employée qui souffre d'une rage de dent. Aventure qui se révélera être une sorte d'Odyssée pendant toute la première partie du roman.

Le seconde partie est différente. On quitte le froid, le gel et le brouillard pour la lumière et la chaleur de l'été. Six ans plus tôt Katherine est venue en Angleterre, dans le cadre d'un séjour linguistique et a été hébergée près d'Oxford dans la famille de son « pen-pal » Robin Fennel. Elle a gardé de très bons souvenirs de cette période et les recontacte.

Philip Larkin a publié deux romans à la fin de la seconde guerre mondiale, dont ce « Une fille en hiver ». Il s'est ensuite consacré exclusivement à la poésie, pour laquelle il est devenu célèbre.

Beaucoup de sensations, d'interrogations forment la trame de ce roman maîtrisé. On n'est pas si loin du « Mrs Dalloway » de Virginia Woolf. J'ai aussi pensé à « Expiation » de Ian McEwan. Plus qu'une curiosité, un texte qui, je le pense, a gardé toute sa force malgré les années.
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La fille de ce roman c'est Katherine Lind. Agée d'une vingtaine d'années, elle a quitté son pays et sa famille pour trouver refuge en Angleterre pendant la seconde guerre mondiale. Bien que l'auteur ne mentionne jamais sa nationalité, on peut penser qu'elle est allemande et peut-être juive. Après avoir passé une année en foyer à Londres, la voilà installée en province avec un emploi et un logement. Son logement est un grenier et son travail ne la passionne pas. Ses collègues sont hostiles, son chef est un homme odieux et elle n'a pas d'amis. La jeune fille vit dans une solitude insondable et s'est décidée, après deux ans passés en Angleterre, de reprendre contact avec la famille qui l'a reçu lors d'un séjour linguistique alors qu'elle était adolescente. En attendant une réponse, elle se souvient de de ces trois semaines de vacances à la campagne et surtout de Robin, le fils de la famille dont elle était vaguement amoureuse.
La construction de récit est originale: l'action se déroule sur une seule journée, un glacial samedi d'hiver, et l'épisode estival est inséré en son centre.
Le roman commence bien, l'atmosphère froide et glauque de la ville est bien rendue, et s'accorde parfaitement à la vie pitoyable de Katherine qui parait plutôt sympathique. Tout se gâte quand l'auteur aborde le chapitre de l'été. La jeune fille se montre alors singulièrement compliquée, échafaudant en permanence des théories fumeuses pour essayer de comprendre le comportement des autres à son égard. Jamais satisfaite, elle ne semble pas capable de profiter de l'instant présent et à force de chercher midi à quatorze heures, elle finit par devenir franchement pénible.
Philip Larkin a vingt-cinq ans en 1947, au moment de la publication d'Une fille en hiver. Les tourments intérieurs, proches de la masturbation intellectuelle, qu'il prête à son héroïne semblent plus correspondre à ceux d'un jeune homme de son âge qu'à fille de seize ans.
Je n'ai absolument pas apprécié ce roman que j'ai trouvé sinistre et déprimant sans y trouver la moindre trace de poésie. C''est dommage car j'attendais beaucoup de cette lecture...
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Ce roman fait partie de ceux qui me regardent (si si j'ai parfois l'impression que c'est le cas) du haut de mon étagère des services presse, me donnant mauvaise conscience de ne pas les avoir lus avant. Voici donc 2 ans qu'il me fait les yeux noirs, jusqu'à ce que finalement je cède en cette fin d'année 2014 …

Et pourtant je l'avais demandé à l'époque parce que l'histoire me semblait intéressante, mettant en scène une bibliothécaire (!). de plus, Philip Larkin est un des grands poètes anglais du XXe siècle (connu et reconnu après sa mort seulement, grâce à son éditeur) et j'étais curieuse de découvrir sa prose, puisque ce texte est son deuxième et dernier roman. Et pour ces deux aspects, je n'ai pas été déçue.

Jeune femme un peu mystérieuse, Katherine Lind est une Allemande réfugiée en Angleterre, en pleine Seconde guerre mondiale. Elle y survit, solitaire, avec pour seul horizon quotidien son travail dans une bibliothèque sombre et poussiéreuse de province. Alors certes les bibliothèques et les bibliothécaires ne sont pas à l'honneur dans ce roman, mais Philip Larkin a été bibliothécaire longtemps donc je suppose qu'il retrace fidèlement l'univers des bibliothèques qu'il a connues …

Car tout au long d'un hiver impitoyable, Katherine s'y ennuie, s'y gèle, soumise à un chef stupide et tyrannique, à des collègues délatrices, avec lesquelles aucune amitié ne peut se nouer. Seule, elle repense alors à son correspondant anglais, avec qui elle avait entretenu une longue correspondance lorsqu'elle était au collège, et à qui elle avait rendu visite durant un long été. Se remémorant cet été, elle tente de dissocier les souvenirs et de discipliner sa mémoire qui lui tend un miroir déformé des événements. Pourtant, elle garde une bonne image de la famille qui l'a accueillie, en particulier de Robin, son correspondant, qui lui demande, dix ans plus tard, de se revoir, à quelques jours du Débarquement …

Au coeur du monde terne, froid, qu'est celui de Katherine, la poésie de Philip Larkin explose, sous la forme d'une petite musique envoûtante, pour rendre ce récit introspectif très touchant. A travers des instants choisis, des émotions et des pensées qui ont touché la jeune Katherine, personnage timide, l'auteur déroule son texte, lentement, se rapprochant ainsi de certains romans anglais, où l'action est nulle mais laisse le lecteur savourer tranquillement les mots, choisis et raffinés. Une lenteur – presque une langueur – nécessaire pour l'analyse des personnages, des caractères, des mobiles de chaque acte.

Un beau roman donc, abouti, plein d'une poésie languissante qui est le support parfait de la vie de Katherine, rêvant du paradis perdu …
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Elle passa en revue ces petits événements et d'autres similaires, comme en une incantation et, progressivement, il apparut plus familier. Si elle n'avait eu l'esprit si las qu'il aurait pu se laisser entraîner sans y prendre garde, cette brusque apparition aurait pu l'émouvoir. En la circonstance, il n'établit pas de contact. Il y avait, elle le savait, des choses qu'elle devrait ressentir, des choses qu'elle devrait dire ; mais que ce soit la faute de l'un ou de l'autre, elle ne les contrôlait pas. Elle ne pouvait se représenter leur rencontre qu'en termes plats et incolores : un jeune homme qu'elle avait connu autrefois était venu lui rendre visite en cette nuit d'hiver, et maintenant ils étaient dans une pièce brillamment éclairée, où il y avait du feu et les quelques biens qu'elle possédait, et en bas il y avait la rue, et le froid en chasse à travers l'obscurité.
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Elle se laissa embrasser. Il le fit ardemment, mais sans grâce, comme un jeune garçon qui apprend à fumer. Tout était tellement extraordinaire que son esprit n'en retenait rien ; ou plutôt, il n'y avait rien à retenir. Son comportement était si éloigné de ses souvenirs qu'il était encore pour elle presque une rencontre de hasard.
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Quand elle se leva et jeta un coup d'oeil autour de la pièce pour voir si elle n'avait rien oublié, elle fut heureuse de sentir qu'elle en était pratiquement retirée, qu'elle la laisserait exactement telle qu'elle l'avait trouvée, que son passage dans cette maison ne laisserait aucune trace derrière elle, comme tous ceux qui avaient dormi dans cette chambre d'ami
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D'après ce qu'on lui avait dit, elle avait été invitée en partie par politesse, et en partie pour divertir le prétendu ennui de Jane: Robin avait joué l'hôte avec une retenue tout anglaise et s'était arrangé pour obtenir quelques cours de langue gratuits par la bande
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Video de Philip Larkin (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philip Larkin
Poème de Philip Larkin lu par lui-même
They fuck you up, your mum and dad. They may not mean to, but they do. They fill you with the faults they had And add some extra, just for you ... Ils te niquent, tes père et mère. Ils le cherchent pas, mais c’est comme ça. Ils te remplissent de leurs travers Et rajoutent même un p’tit chouïa – rien que pour toi. .. La Vie avec un trou dedans (trad. G. Le Gaufey), ed. Thierry Marchaisse
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