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Critique de miriam


Adam Sijilmassi, rentre de mission commerciale en Asie du Sud-Est à  bord d'un Boeing ; il a une sorte d'épiphanie.

"Adam se rendit compte que son père non plus n'était jamais allé plus vite que le pur-sang du hadj Maati."

"Pourquoi cette hâte grands dieux?"

Et il décide de ralentir, d'aller à pied chez lui, de l'aéroport à Casablanca, il démissionne de son poste de cadre prometteur puis rentre dans son village natal d'Azemmour.

Ce livre publié en 2014, primé Goncourt des Lycéens et prix Giono à sa parution, était passé sous mes radars. C'est plutôt le Confinement qui m'a fait réfléchir sérieusement à ralentir et plus précisément à réfléchir avant de prendre l'avion.

Cette remise en cause de la vitesse du monde contemporain s'accompagne d'une recherche d'identité. Avec la perte de son emploi, il est mis à la porte de son logement de fonction ce qui entraine aussi la séparation d'avec son épouse.




Ce n'est pas toi que j'ai épousé, ô âne, c'est l'Office des bitumes du Tadla !"

Mais ce n'est pas toi que j'ai épousé, crétin ! Ce n'est pas toi ! C'est ton salaire, c'est l'appartement, le gardien,

Sa famille le croit fou, dépressif. La consultation chez le psychiatre est très amusante deux ancien élèves du Lycée Lyautey, s'expriment en français, citent les meilleurs auteurs, cela commence par Knock dit par Jouvet, puis

 "Si je comprends bien, vous vivez dans une sorte de purée de mots... ou, plutôt, il y a une grille de mots ou
d'expressions, tous tirés de la littérature française, entre vous et le monde ? En l'occurrence, entre vous et votre
pays, votre famille..."

Dans sa recherche d'identité, ce marocain post-colonial va chercher dans la tradition arabe de nouvelles références 

"en tant que Marocain postcolonial qui rejette l'Occident et la vitesse ?... qui veut revenir au rythme de vie de ses ancêtres"

Oublier Matisse et Delacroix, oublier Voltaire... et retourner à Azemmour dans le Riad des Sijilmassi, où ne vit qu'une vieille tante qui a recueilli une orpheline. Dans une pièce sont entassés des livres anciens tout le savoir arabe que ses ancêtres ont accumulé. Hayy Ibn Yaqzân d'Ibn Tufayl (XIIème siècle) Averroes....Tout un programme de philosophie....

Un ingénieur cloîtré dans un riad en ruines attire la curiosité, la méfiance des autorités. Il se voit épié par les voisins et la police. le retour aux origines est hautement suspect! Un bruit court que le Dernier des Sijilmassi serait une sorte de saint, que l'eau du puits (à sec) serait miraculeuse. Tout un trafic s'organise avec la bénédiction de la police....Et si on pouvait aussi en tirer un bénéfice pour les élections...

C'est un livre très amusant, une satire des moeurs du Maroc. Je me suis retrouvée riant à haute voix . Autant les deux autres livres de Fouad Laraoui lus lors d'autres vacances au Maroc m'avaient bien diverti sans laisser de souvenir impérissable, Autant Les Tribulations du dernier des Sijilmassi est une vraie réussite!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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