Citations sur La légende de Podkin Le Brave, tome 1 : Naissance d'un .. (16)
Le barde s’apprête à poursuivre quand quelque chose dans le regard de la petite lapine l’oblige à s’arrêter. Elle semble terrifiée et près de pleurer. Certes, il aime effrayer son auditoire, mais c’est le réveillon de la fête des Ronces. La petite lapine devrait avoir le droit de se coucher, la tête pleine de rêves de carottes sucrées et de poupées en bois, au lieu de rester éveillée toute la nuit, tétanisée par la peur.
C'est idiot[...]. Une histoire n'appartient à personne. Ce n'est pas quelque chose de réel. Ce ne sont que des mots.
Les histoires appartiennent à celui qui les raconte, répond le barde. Du moins, la première moitié. L'autre appartient à ceux qui les écoutent. Quand un conteur raconte une bonne histoire à un bon auditoire, celle-ci appartient aux deux.
- C'est une arme magique.
- Oui, mais on n'est pas des héros de conte. On est des laperaux.
Les histoires ne parlent pas seulement de bataille et de vengeance [...]. Il faut développer les personnages, introduire du suspense, créer une atmosphère, ajouter un peu d'amour.
Parfois, lorsque notre vie est réellement en danger, lorsque tout semble perdu, il reste au plus profond de nous un puits d'énergie qui peut décupler nos facultés dans un dernier sursaut désespéré.
Oui, mais on n'est pas des héros de conte. On n'est que des lapereaux.
Un grondement retentit des profondeurs du terrier. Les fondations de la galerie centrale se mirent à trembler, les parois à se fendre, certaines à s'écrouler. Les lapins de Munbury reculèrent pour éviter les mottes de terre qui jaillissaient du sol, brisant au passage le dallage et renversant bancs et tables. Des entrailles de la terre, des Gorms en armure surgirent au milieu de nuages de poussière. Ils crevèrent la surface en déversant des flots de boue qui ruisselaient de leurs épaules hérissées de pointes métalliques devant les lapins de Munbury muets d'horreur...
Podkin s'apprêtait à bondir sur sa sœur pour lui tirer les oreilles quand le cor du terrier retentit. Les lapereaux se précipitèrent au bord du balcon voir ce qui se passait. Des soldats s'emparaient de leurs lances et de leurs boucliers, des petits étaient regroupés à l'écart, et leur père, le chef Lopkin s'avançait à grands pas vers le hall d'entrée, son arme à la patte, un glaive d'argent que tout le monde croyait magique.
- Lapin Décembre ! Lapin Décembre ! cria Pook en se tortillant pour se dégager.
- Ce n'est pas le lapin de Décembre, Pook, dit Podkin, la dispute avec Paz oubliée. On dirait plutôt des problèmes. Et les problèmes ne déposent pas de cadeaux la nuit dans les terriers...
- Je vous prie de m'excuser, monsieur, dit-il en ouvrant la porte d'un coup d'épaule. Entre vous mettre au chaud par cette nuit des cendres...
- De décembre, tête de navet ! Le corrige le barde en pénétrant à l'intérieur du terrier baigné de chaleur et de lumière.
Tandis que la porte se referme derrière lui, il se debarasse de la neige tombée sur sa cape.
- De quel côté est la cheminée ? Demande t il en traversant le hall d'entrée pavé comme si les lieux lui étaient familiers.
- Au fait, c'est quoi une tête de navet de décembre ? Grommelle le soldat perplexe avant de s'empresser de suivre le barde.