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Critique de MassLunar


De nos jours, il semble qu'écrire de la fantasy passe d'abord par la création d'un monde imaginaire généreux doté d'un lexique riche en néologismes parfois indigeste et confus.
Pour avoir feuilleté quelques titres de fantasy d'auteurs amateurs, on retrouve cette volonté de vouloir créer un monde imaginaire un poil déboussolant ce qui fait qu'un premier roman peut s'avérer aussi plaisant qu'indigeste. Je précise au passage que je ne critique pas cette ambition créatrice. Pour moi, le régal quand on écrit de la fantasy, provient de cette liberté de l'imaginaire, de cette volonté d'inventer tout un monde . C'est un génial bac - à -sable mais il faut aussi penser au lecteur...ce que bon nombre d'écrivains débutants ne font pas. Plutôt que d'ouvrir leur monde au public, ils s'y enferment. du coup, en tant que lecteur, nous nous retrouvons souvent devant un univers qu'il nous faut d'abord appréhender. Même si parfois, c'est plaisant et passionnant, cela peut s'avérer périlleux surtout si il n'y a pas de style, de dynamique, ou d'originalité derrière...

Et bien, je félicite Thibaud Latil-Nicolas pour ce premier roman de fantasy. En effet, cet auteur ne tombe pas dans le piège de la construction à outrance d'un univers de fantasy qui pourrait un peu lasser mais, en plus, il nous délivre un roman diablement efficace par son rythme et par les dialogues savoureux, par son action savamment mis en scène et par cette troupe de personnages véritablement attachant.
C'est simple, on en redemande, et c'est là le très léger défaut de ce premier roman, c'est qu'il est un poil trop court pour nous rassasier !
Mais voyons ces Chevauches-Brumes comme une efficace entrée en matière, une véritable promesse vers une série de romans propre à toute une saga de fantasy. du moins, c'est ce que je souhaite à cet auteur qui a si bien réussi son premier coup !
Au niveau du cadre de l'intrigue, c'est simple, l'écrivain n'en fait pas des caisses. Certes, il y a toujours l'habituelle petite carte géographique pour nous repérer mais Thibaud Latil-Nicolas préfère privilégier avant tout les rapports entre ses personnages, la confrontation face à la brume d'encre et ses monstres, la dynamique de l'action plutôt que d'alourdir son roman par des descriptions digressives sur son univers, l'origine de la magie, etc...
C'est juste bien pensé comme si cet écrivain avait conscience des codes de la fantasy sans qu'il ressente le besoin de nous rabâcher tout un historique et en même temps il établit bien le panorama d'un monde qui semble sur le point de s'effondrer. La quête grimpe en puissance et l'intrigue générale s'étoffe au fur et à mesure.
L'autre grande qualité, si ce n'est la qualité majeure, de cette intrigue, c'est cette troupe de personnages attachants . J'ai fini de lire La Horde du Contrevent, il y a peu, et je retrouve, dans ce roman, le plaisir de la cohésion autour d'un groupe hétéroclite. Ici, nous avons affaire à la 9ème compagnie de la légion du Roy, une compagnie rompue à la bravoure. Nous retrouvons avec plaisir quelques figures connues : le vétéran, le commandant un poil tourmenté, le jeune aspirant, le gentil colosse, l'amazone au caractère bien trempé... L'auteur nous fait partager un véritable amour communicatif pour ses personnages. J'ai d'ailleurs ris plusieurs fois devant certains situations cocasses avec nos camarades ou devant la qualité des dialogues, simples et percutants, propres à chacun de ces protagonistes. J'adore cette roublardise que nous pouvons retrouver également dans Les annales de la Compagnie noire de Glen Cook.
Que dire de plus ? Sans être négatives, quelques petites remarques malgré tout, car il en faut toujours. Chevauche-Brumes est un premier roman de qualité car il évite l'écueil descriptif mais il mériterait malgré tout un petit plus d'ornement. Rien de bien lourd, juste un petit peu plus de description envers les lieux, la monstruosité,etc... Disons que le roman passe très vite et quelques arrêts sur images dans ce récit belligérant auraient été assez percutantes et auraient renforcé le climat de terreur. Je pense notamment à la figure des monstres qui est un peu impersonnelle, un traitement un peu en surface. En tant que récit de dark fantasy, peut-être que l'auteur aurait pu nous effrayer davantage... Après, c'est mon coté sado-masochiste qui s'exprime. :) Malgré tout, c'est vraiment une petite remarque relative car ce roman est très bon. Ne nous leurrons pas. Ce qui fait sa réussite, c'est justement son dynamisme décomplexé.
Saluons d'ailleurs la dynamique des batailles, la stratégie, les différents points de vue prouvant la qualité de recherche de l'auteur et sa maîtrise à ne pas perdre de vue l'action. Au niveau des inspirations , nous avons affaire à du médiéval assortie avec quelques touches de Renaissance ( les haquebutes notamment, l'armement, la poudre ) ajoutez la mise en valeur de la guerrière avec les amazones, plus le traitement sans lourdeur de la magie et nous avons affaire à un agréable melting-pot d'inspirations. de plus, l'auteur parvint à insuffler une dimension critique à son roman : le fanatisme religieux dont on devine les germes, l'image de la guerrière et de la femme émancipée ( remarquable discours de la chef des amazones), ou encore l'émancipation face à l'autorité royale...
Bref, je vais arrêter-là mais cet auteur, pour son premier roman, mérite tout simplement une très bonne note.
Personnellement, je vais ranger ce titre dans ma petite biblio fantasy sans hésitations.
Félicitations Mr. Latil-Nicolas !

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