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Critique de Valmyvoyou_lit


Dans ce récit, l'auteure tente d'« immoler l'enfance », de la reconstruire pour se réparer. Durant trente-cinq ans, elle a essayé de ne pas perdre pied, de surnager dans l'absence de tendresse parentale, en particulier maternelle. Elle est née en 1952, à Casablanca ; trop tôt après la sortie de l'enfer de sa mère, trop tôt après la libération de cette dernière du camp de concentration de Bergen Belsen. En manque d'amour, la petite s'est efforcée d'attirer son attention, tout en ne se faisant pas trop remarquer. Elle a grandi avec des phrases qui empêchent de s'aimer soi-même et d'avoir confiance en soi.

Avec l'âge, elle en comprend la cause : « Les fantômes de la déportation rôdaient mais rien n'en avait jamais été dit. ». (p. 129) Pendant longtemps, elle a supplié sa mère de raconter. Celle-ci a accepté lorsque Danièle Laufer avait trente-cinq ans. Son témoignage ponctue les confidences de l'auteure. Comme pour offrir une preuve d'amour qu'elle n'a jamais réussi à démontrer, elle s'est dévoilée.

Une mère étrangère explore la difficile construction d'une enfant, à qui il manque l'essentiel : l'amour maternel. L'auteure a entendu des mots qui font mal, qui se gravent dans la chair et impactent l'image de soi. Elle s'interroge, également, sur l'histoire de sa mère, sur la mémoire traumatique et la transmission généalogique.

J'ai été émue par la petite fille, en quête d'estime. J'ai reconnu des scènes des expressions qui ont peuplé mon enfance, alors que ma mère (de l'âge de l'auteure) n'a pas connu les souffrances de la sienne. « Peut-être un jour rencontrerai-je des gens qui ont souffert aussi, sans plus de justification ni de raison. Il n'y a ni justification ni raison à la souffrance. Jamais. […] Il est temps d'immoler l'enfance. » (p. 113) Ce texte vibrant semble un exutoire, une main tendue vers la petite qu'elle a été, une manière de consoler cet enfant meurtrie.

Ce roman est aussi un bouleversant devoir de mémoire. J'ai été ébranlée par les confidences de la mère de la narratrice. Juive dans l'Allemagne nazie, elle déroule son passé, elle raconte les horreurs de la Shoah et des camps de concentration. Sa voix m'a émue, ses souffrances m'ont chavirée. Comme une offrande à sa fille, elle affronte ce qu'elle a voulu effacer de sa mémoire. Cette tentative, de briser les chaînes de la transmission de génération en génération, est celle d'une rencontre tardive, essentielle et déterminante entre une mère et sa fille. J'ai été très touchée par Une mère étrangère.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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