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Critique de Fleitour


Ce petit livre écrit par Élisabeth Laureau-Daull, au féminisme corrosif, est le récit de la fin tragique du Grand Socrate, écrite avec beaucoup de finesse et quelques belles facéties.
« La Jument de Socrate », est la femme de Socrate, Xanthippe, littéralement la jument jaune, le personnage central de ce petit opuscule.

Ce qui intéresse Laureau-Daull, c'est l'épouse de Socrate, Xanthippe, femme colérique, déterminée à poursuivre les assassins de son mari, qu'on appelle parfois la mégère. Page 120, l'auteure nous prévient, "Ils pourront bien pour l'amadouer parfumer tous les autels de la cité avec de l'aubépine du sureau ou du safran, y brûler du bois de cèdre y saigner le plus noir de leurs béliers"...Tout cela n'y fera rien.


Revenons à Socrate, car pour lui, la messe est dite sur l'autel de l'immortalité, "se libérer par la fuite du châtiment imposé ferait de son procès un dérisoire incident, et de lui, Socrate le Grand, un petit". Page 16.
Xanthippe ne l'entend pas de la même oreille, au point de transformer ce complot, en une superbe caisse de résonance pour la cause des femmes.


Dès les premiers mots j'ai relevé cette délicieuse distinction entre Socrate et Xanthippe, page 11, « le vieil homme la voit comme si c'était la dernière fois, la femme le voit comme si c'était la première fois, c'est toujours ainsi qu'elle le voit, et cela ne s'explique pas.


Elle prendra rapidement son envol, elle pense, et "le fait savoir", c'est tout. "Depuis quand est-ce interdit ?" Lance t-elle page 81. Mais c'est sans doute envers Socrate qu'elle devient la plus cruelle, lui qui lui interdit d'apprendre à lire, car dit-il, s'il aime lire, " il se méfie de la pensée figée dans l'écriture." P 80 . N'est-ce pas une façon cynique de dire que l'homme et la femme sont complémentaires, à lui l'esprit à moi le Balai.


Page 57, Xanthippe lui réserve une salve piquante pleine d'ironie, à force de courir dans l'Agora, "après les grands principes et les bonnes définitions, le pauvre était inapte aux choses de la vie, démuni devant elle, comme l'enfant qui vient de naître. Il fallait bien qu'elle ait pour deux les pieds sur terre !"


"Tu es une fille Xanthippe, c'est mieux qu'être une chèvre, page 56," est une des très nombreuses répliques de l'auteure que l'on déguste, répliques qui émaillent ce texte, très incisif, et d'autant plus crédible, qu'elle fait face à celui qui peut apparaître comme le plus ouvert des philosophes.


 Son combat pour la justice la mènera à se confronter avec l'autorité des anciens, elle balaye à propos de justice, vertement ses détracteurs d'un "il y aurait trop à dire sur le sujet".
Petit livre à offrir à toutes celles qui se trouvent en terminale, une belle façon de clouer le bec à un professeur un peu pontifiant et mâtiné de machisme.
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