« Vous avez des enfants ? » demande-t-on à son père.
« Non, j'ai deux
filles », répond-il.
Ce dialogue résume à lui seul le sujet du roman dans sa banalité et son intensité.
Etre une
fille, être une épouse, être une mère, être une femme sans avoir d'enfants…. Quelque soit la situation, elle s'établit toujours par rapport au masculin. Sur un mode inférieur. Toujours dans une relation de dépendance.
De son enfance à Rouen dans les années 1960 à son mariage puis à la naissance de sa
fille, Laurence traverse sans relâche et avec courage les écueils d'une certaine construction du féminin.
En interrogeant les mots de
fille, de gars, les mots du quotidien,
Camille Laurens dans une prose brillantissime travaille l'intime et le politique en décrivant les mécanismes qu'il faut activer pour devenir enfin soi-même. Sans y toucher, elle dit les places auxquelles les
filles et les femmes ont été et sont toujours assignées. Au travers de son héroïne, elle retrace également les victoires comme les défaites de toutes les femmes. Quand l'intime touche à l'universel, quand le passé rappelle sans cesse la fragilité du présent. C'est touchant et puissant.
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