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Critique de vibrelivre


Fille
Camille Laurens
roman, Gallimard, 2020, 225p


C'est un roman qui n'est pas tout à fait autobiographique, la date de naissance, les études ne collent pas complètement. C'est un roman qui est dédié à sa fille, peut-être pour reconnaître qu'une fille, c'est tout aussi bien qu'un garçon. le titre est abrupt, Fille, comme si l'on nommait quelque chose plutôt que quelqu'un, qu'on le différenciait d'un autre produit, et l'on tait le pendant, parce qu'on a tiré le mauvais lot.

Il y eut une fille, appelée Claude, parce que c'est un prénom mixte, puis une deuxième, née en 1959 -la date est importante-, appelée Laurence mais parce que le père s'est rappelé un acteur qu'il aimait bien, Olivier Lawrence. Il y en eut une troisième qui mourut en bas âge.
le père qui aurait aimé avoir un fils n'en eut pas, et la mère fut toujours lointaine, absente. Elle prend un peu plus d'épaisseur quand ses filles sont adultes, et que son mari la quitte.
L'autrice ne dit rien de nouveau sur la condition et le statut d'une fille, à qui il manquerait toujours ce bout de chair pendant entre ses jambes. Je souscris plus volontiers à ce qu'elle fait dire au paersonnage du psychiatre : Ne pas être libre, c'est ça la souffrance d'une fille ». le père dit : Les filles suivent les règles, c'est tout. Lui qui est du sexe masculin n'a ni code d'honneur ni amour. Il quitera sa femme pour enfin avoir le fils dont il rêvait, ou parce qu'avoir un fils, c'est manifester sa virilité ? Les séances avec le psychiâtre sont très drôles. Alors elle cherche une forme nouvelle : par exemple la narratrice s'adresse à l'enfant qui vient de naître.
Laurence grandit. Il ne lui déplaît pas de se maquiller et de plaire aux garçons. Elle n'est pas contre les relations sexuelles. Elle éprouve beaucoup de solitude quand elle est avec son mari. Elle perd un premier enfant, un garçon. de par la faute du père, de sa vanité, qui lui déconseille son obstétricienne pour qu'elle se dirige vers un jeune accoucheur, fils d'un confrère. Elle a une fille qui jeune est plutôt du genre garçon manqué, et plus âgée est homosexuelle.
Camille Laurens s'arrête sur certaines expressions. Par exemple, Sois un homme. Dit-on à une femme, Sois une femme ? Elle aurait pu s'arrêter sur celle-ci : Faire l'intéressante, qu'elle utilise plusieurs fois, et qu'elle revendique, même. Qu'est-ce que faire l'intéressante ? Pourquoi la faire ? En quoi est-ce d'une autre volonté que de faire l'intéressant ? Ou sur celle-là, Balek, pour Je m'en bats les couilles, dans une bouche de fille -Je ne dis pas jeune fille, ça pourrait faire ringard- dans la bouche de sa fille, et qui la fait sourire.
le livre se lit bien. L'écriture est très fluide. La lecture est agréable. A part l'épisode, parce que presque indispensable par les temps qui courent, le consentement a connu un grand succès médiatique , la fille de Bernard Kouchner a pu s'exprimer tant et plus sur le viol de son demi-frère- des attouchements de la part d'un oncle, malade sur ce plan. Attouchements d'autant plus sordides qu'ils sont faits à l'extérieur, en présence de tiers, et personne ne dit rien. Même sa soeur Claude lui dit qu'elle a subi la même chose sans en faire tout un plat.
le problème, c'est qu'on se demande ce qu'il apporte. Livre militant ? je ne pense pas. le livre de Edna O'Brien, qui porte le même titre, sauf qu'il s'agit du mot anglais, a une portée beaucoup plus puissante, et l'on se dit qu'il y a un sort réservé aux filles, et un autre aux garçons, mais il est question dans les deux cas de déni de l'humanité.
Si Camille Laurens est intéressée, elle peut s'interroger sur la manière dont on véhicule le concept de virilité. Ou présenter des portraits de femmes fortes, qui ont osé braver l'aventure, avec tout ce que cela implique.
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