Comme chaque année, à la veille du 15 aout, nomades et semi-nomades se rassemblent à Lourdes pour un des plus gros pèlerinages. Lourdes où on célèbre la vierge et le mercantilisme, là près de 1000 caravanes et des clans aussi disparates que possible cohabitent quelques semaines : se regroupent entre autres ceux d'Andalousie, les chasseurs de nuages, ceux du cirque, les dégénérés, et ceux du bâtiment dont l'histoire nous est contée dans ce roman bien poétique.
Ces gitans-là se débattent pour exister au-delà des lieux-communs, des réputations, et c'est par le biais de truculents portraits que l'auteure nous livre leur histoire entrecoupée de fragments de vie, de légendes et de tragédies.
Issue de Golur le Magnifique sur son pur-sang Zefira et d'Ormonde la Belle, il y a Dora, telle une déesse, ses visions, ses oracles, sa clairvoyance, elle règne sur les siens et les protège.
Il y a Diego et sa folie, Pepino et ses lubies, Amos le sage, Livio la teigne mauvais et malheureux, la petite Sara, petite fille aux cheveux de femmes, l'étranger à qui on ne refuse pas l'asile et la Limande qui le temps d'un été se joint à eux...
Des portraits en demi-teinte à la fois drôles, mélancoliques et émouvants autant d'hommages à une minorité pour laquelle la tradition et la liberté se heurtent à la modernité.
Il m'a fallu du temps pour m'approprier l'histoire des fils du vent, un roman déconcertant, construit comme une toile, au premier abord décousu mais qui révèle par la lumière apportée sur ses personnages la profondeur du propos.
Un premier roman que j'ai trouvé finalement audacieux et habile qui ne sombre ni dans le cliché ni dans le manichéisme.
Une galerie de portrait attachante et une réflexion pertinente qui vous poursuit après avoir refermé le livre.
Un livre que j'ai beaucoup aimé et une auteure à suivre de près.
Mention spéciale pour la magnifique couverture, détail de « La gitane du Sacromonte » par le photographe
Jean Dieuzaide.