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Citations sur Demain j'étais folle : Un voyage en schizophrénie (29)

Avant, je vivais des journées de mouton.

Chaque jour, les bergers du service nous rassemblaient tous pour une sortie en troupeau.
Et comme presque tous les chiens de berger, ils poussaient des aboiements perçants si quelqu’un hésitait à passer la porte.
Il m’arrivait de bêler un peu, tout bas,
tandis qu’ils me menaient dans les couloirs,
mais personne ne m’a jamais demandé pourquoi
à partir du moment où on est fou, on peut bien bêler.

Avant, je vivais des journées de mouton.
Ils accompagnaient un troupeau compact sur les chemins
autour de l’hôpital,
Un troupeau lent et hétéroclite de gens que personne ne pensait
à regarder.
Car nous étions devenus un troupeau,
et tout le troupeau doit sortir se promener,
et tout le troupeau doit rentrer.

Avant, je vivais des journées de mouton.
Les bergers coupaient ma crinière et égalisaient mes griffes
pour que je me fonde plus facile dans le troupeau.
J’avançais sans hâte parmi des ânes, des ours, des écureuils et des crocodiles bien coiffés
En me demandant pourquoi personne ne voulait nous voir.

Avant, je vivais des journées de mouton.
Alors que tout mon être ne rêvait que de chasse à travers la savane .
Et je me laissais emmener du pacage à l’enclos, de l’enclos
à la bergerie
quand ils disaient que c’était le mieux pour un mouton.
Et je savais que c’était faux.
Et je savais que ça ne durerait pas toujours.

Avant, je vivais des journées de mouton.
Mais demain, j’étais toujours un lion.
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J'ai été schizophrène. je sais comment c'était. Je sais à quoi le monde ressemblait alors, ce que j'en percevais, ce que je pensais, ce que je devais faire. J'ai eu aussi de "bonnes périodes". Je sais comment je les vivais. Et je sais comment les choses sont maintenant. C'est complètement différent. Maintenant, je suis guérie. Et ça aussi, ça doit être possible.
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Se voir établir un diagnostic en psychiatrie peut être ressenti comme une condamnation, quelque chose d'inconnu, et si on ne se sentait pas encore malade, la situation change à ce moment là. Je me rappelle que pour ma part j'avais du mal à comprendre que ces expressions et ces descriptions aussi étranges qu'effrayantes s'appliquaient à moi. C'était très bizarre, très grave. C'est ce que l'on disait des gens mais moi je n'étais pas comme ça. Un diagnostic peut aussi avoir un effet positif. On peut enfin mettre un nom sur ce qui ne va pas, on a la confirmation qu'on est malade, pas méchant ou paresseux.
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(...) elle s'est mariée avec un garçon qui souffre de schizophrénie. Ce n'était pas si clair au début de leur liaison : "Il était simplement pas comme les autres." Puis, peu à peu, la maladie s'est installée et a pris beaucoup de place dans leur couple. Une schizophrénie sévère, avec délires, hospitalisations et difficultés en tout genres. Du coup, leur existence n'est vraiment pas drôle dans les périodes où il va mal, qui sont actuellement fréquentes. Beaucoup de personnes lui ont recommandé de quitter son mari, plus ou moins ouvertement, plus ou moins délicatement. Et dans le lot, pas mal de soignants, médecins, infirmières, ce qui l'a surprise. Elle a toujours refusé : "Vous comprenez, je l'aime. Est-ce qu'on quitte quelqu'un qu'on aime parce qu'il est malade ?" Nous discutons de cela : personne ne nous recommanderait de quitter notre conjoint s'il était atteint de cancer, ou de sclérose en plaques, ou de diabète. On trouverait que ce n'est pas très digne. Alors pourquoi est-on tenté de le faire pour la schizophrénie ?
[dans la préface de Christophe André]
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Ce besoin d’attention que nous manifestons tous au quotidien est évidemment beaucoup plus intense quand nous nous sentons menacés ou en danger. Si quelqu’un tombait d’un quai dans l’eau et se mettait à appeler au secours, il ne viendrait à l’idée de personne de passer devant lui en disant calmement : « Il fait juste ça pour attirer l’attention ». Bien sûr qu’il cherche à l’attirer ! Il est en danger de mort, incapable de se tirer d’affaire, son unique espoir de préserver son intégrité physique et de continuer à vivre est d’attirer l’attention de ceux qui peuvent le secourir.
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La vérité sans curiosité devient vite un peu sinistre.
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Ce n'est pas très important de se perdre un peu tant qu'on sait où l'on va, et tant qu'on a la force de faire tout le chemin.
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La bonté n'est pas si facile à reconnaître quand le monde a été mauvais si longtemps. Et il n'est pas évident de croire en soi quand plus personne ne le fait depuis belle lurette.
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je me permets de rajouter un petit mot à ma première critique...
je découvre ce matin, un intéressant article dans le figaro santé sur les maladies mentales où l'on parle entre autres, de ce livre "Demain j'étais folle"...
Il s'appelle "Les langues se délient sur les maladies mentales"
voici le lien
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/02/21/22022-langues-se-delient-sur-maladies-mentales
et un extrait où l'on parle spécifiquement de ce livre... aide à une maman...
"Parmi tous les livres qu'elle a dévorés, c'est celui de Arnhild Lauveng, schizophrène devenue psychologue, qui l'a le plus aidée. «Tout au long du récit, on voit l'importance capitale des regards qui sont portés sur elle, explique Bénédicte. Ainsi, quand sa mère lui dit qu'elle lui garde un service en porcelaine pour le jour où elle aura son appartement personnel, la jeune malade se sent regonflée de confiance et d'espoir. Avec mon fils, je me dis souvent: “Suis-je en train de lui témoigner ma confiance ou pas?” Ce critère est devenu important pour moi.»"
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La bonté n'est pas si facile à reconnaître quand le monde a été mauvais si longtemps. Et il n'est pas évident de croire en soi quand plus personne ne le fait depuis belle lurette.
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