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Citations sur Au Chevet de la Turquie. Quarante Jours de Guerre (7)

Un après-midi, tandis qu'il se trouvait dans le salon, le baron von Wangenheim, ambassadeur d'Allemagne à Constantinople, élevant la voix, déclara tout net:
"si les soldats turcs avaient eu du pain, ils seraient à cette heure à Sofia."
Le baron von Wangenheim oubliait évidemment que si les soldats turcs n'avaient pas eu de pain, la faute en incombait à l'intendance défectueuse, et que si l'intendance était défectueuse, la faute en incombait à ceux qui avaient mission de réorganiser l'armée ottomane, c'est à dire l'Allemagne.
......L'Allemagne, depuis vingt ans, a instruit l'armée turque. Or , l'Allemagne n'a pas compris que la méthode d'instruction doit être appropriée à la tradition d'un peuple, comme la semence doit être appropriée à la terre qu'on veut fertiliser. Le soldat turc est brave, mais lourd.
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"C'est bizarre, ces guerres modernes. On a perfectionné à un point invraisemblable les engins de destruction, et malgré tout, certains de ces engins détruisent moins qu'autrefois.
"Les balles font des progrès même au point de vue de l'hygiène. Elles sont échauffées par la déflagration de la poudre qu'elles deviennent aseptiques. Quand elles entrent dans le corps, elles n'entraînent plus avec elles aucun microbe. Et puis, elles sont aujourd'hui en acier, et l'acier est infiniment préférable au plomb. Il ne se déforme pas et n'entraîne pas avec lui des fragments d'étoffe ou des corps étrangers.
"En conséquence, mon cher monsieur, vous pouvez être traversé par une balle ; si elle n'atteint aucun organe essentiel et si vous n'êtes pas mort dans trois heures, vous avez quatre-vingt-quinze chances sur cent d'être guéri dans huit jours. Tenez, venez plutôt voir !"
[...]
"Ah ! oui, avoue le jeune chirurgien, celui-là infirme ma théorie. C'est que la balle l'a atteint en plein dans l'humérus, et alors, c'est un éclatement de toute l'ossature, c'est une bouillie de tout le membre.
Une ombre passe sur la figure du docteur Lacombe, et tout bas il murmure :
"On a beau faire, c'est une sacrée chose tout de même que la guerre !"
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1 700 ! Le chiffre nous donnait à penser, et nous faisions, dans le wagon, des règles de trois. Si 1 700 Turcs ont tenu en échec 100 000 Italiens, combien faudra-t-il de Turcs pour battre 200 000 Bulgares ?... Hélas ! La guerre est bien de toutes choses celle qui est la plus éloignée de l'arithmétique !...
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L'ambassade de France occupe à Constantinople un emplacement qui est comme le reflet exact de la diplomatie française en Turquie : c'est un palais aimable, souriant, d'accès difficile et embrouillé, d'allure générale modeste et timide, avec d'un côté, la plus magnifique échappée de vue possible sur l'horizon, avec de l'autre, de hautes bâtisses tristes et sales qui l'enserrent et l'étouffent. Pour arriver à ses jardins clairs et gracieux, il faut ou bien descendre par une grimpette étroite et obscure, où on manque de se casser le cou, ou bien parcourir une rue qui est peut-être fort galante, mais dont l'excès de galanterie nous oblige en passant à fermer les yeux. Il paraît qu'il aurait suffi d'un très petit effort - deux cent mille francs, une bagatelle! - pour rendre la grimpette carrossable et digne de la France ; mais le Quai d'Orsay s'est déclaré incapable d'un pareil effort, comme, hélas! de beaucoup d'autres. Et il faudra, pendant de longues années encore, deviner où réside notre ambassade, comme il faut deviner où se fait sentir notre diplomatie en Orient.
Chapitre II, L'après-midi d'un journaliste, p. 39
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Et puis, il ne faut pas oublier que nous sommes dans un pays de soleil et que partout où il y a le soleil, il y a l'exagération. Constantinople est située sur la même latitude que Marseille et la grande rue de Péra est un peu la Cannebière des Balkans.
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Les populations civiles étaient centrales dans cette guerre des Balkans. Elles furent l'un des enjeux et parfois les otages de ce conflit. On peut parler de véritable catastrophe humanitaire, au vu du nombre de morts et de blessés s'élevant à près de 380 000, auxquels s'ajoute le considérable effectif d'exilés. Les populations civiles furent en effet contraintes à de multiples migrations provoquant des mouvements de populations complexes qui furent relatés notamment par les correspondants de guerre.
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La conclusion, c'est que l'Europe et la France se trompent parfois étrangement dans leurs classifications et leurs appréciations. N'étiquetons pas trop vite les uns d'héroïques, les autres de barbares. Mais, par-dessus tout, n'oublions pas quand il s'agit des peuples d'Orient, quels qu'ils soient, qu'il faut garder ce que Montesquieu appelait la première des qualités publiques : la mesure. Trop souvent nous encensons ceux-ci, nous menaçons ceux-là et nous passons dans le même pays et dans la même période de l'encens à la menace.
Chapitre XIII, Le petit peuple héroïque, p. 121
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