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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dés les premières pages, je suis happée par une prose puissante, dans un style directe adressée à la mère. “Baléze” est le corps du gamin noir de douze ans Kiese Laymon notre narrateur, l'auteur du livre qui pèse à l'époque 103 kilos. Il vit dans le Mississipi avec sa mère académicienne divorcée, une femme qui se bat pour les droits des Noirs et que son fils ait un meilleur avenir. Mais malgré son niveau d'éducation, comme Noire étant mal payée, elle n'arrive pas à joindre les deux bouts.

Un livre poignant qui reflète la triste réalité du racisme aux Etats-Unis, où un policier peut tuer n'importe quel Noir soit-disant en légitime défense, voir les émeutes récentes dans le dit pays.
Un livre qui encense les livres, l'écriture et les mots à travers l'histoire d'un garçon aux relations difficiles et ambiguës avec sa mère et la nourriture (“J'ai songé au sentiment de sécurité que j'éprouvais lorsque je mangeais trop, mangeais trop tard, mangeais pour échapper à la mémoire “), dont les nombreux passages de violence et de désespoir sont directement liés à sa condition de Noir.

J'ai aimé la force intérieure et la lucidité de Kiese qui peine à trouver sa relation à l'existence entre une mère qui l'aime mais qui le bat violemment, qui découvre très tôt le sexe et pas sous son meilleur aspect et qui à ses heures peut récupérer des poubelles des restes de pizza pour s'empiffrer car il ne lui reste plus d'argent, ou faire des efforts draconiens pour perdre du poids. Un équilibre précaire qui vacille entre boulimie et anorexie, ultérieurement renforcé par une autre addiction, le tout directement lié à sa condition de Noir qui ne lui facilite la vie ni chez les Noirs ni chez les Blancs, “J'avais indirectement appris de toi qu'on ne peut aimer de façon responsable, et encore moins un enfant noir en Amérique, quand on persiste à se cacher et se fuir soi-même.” Il note qu'il est primordial pour un Noir pour accéder à la Liberté de s'aimer, de ne pas succomber entre Noirs au “racisme anti-Noirs”, à la déception, la maltraitance, la fausseté, le patriarcat et les mensonges purs et simples
Intéressant aussi son constat que suite au 11 septembre 2001, les Noirs bénéficient d'une trêve de la violence blanche au détriment de “ceux au teint plus clair qui « ressemblaient » à des musulmans “ .
J'ai aimé la prose rythmée aux prénoms colorés des divers caractères, Othella Harrington, LaThon Simmons, Malachi Hunter .....
Bref j'ai aimé ce roman douloureux, magnifique cri de désespoir d'un Noir d'Amérique, qui se lit vite et à ce qu'il parait un best-seller aux Etats-Unis. Bien que déjà je me méfie des best-sellers, méfiance décuplée par le facteur Etats-Unis, pour ce livre je la laisse au vestiaire 😁!

Merci pour l'envoie de ce livre aux Éditions Les Escales et NetGalleyFrance.
#Baléze#NetGalleyFrance
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Balèze est un formidable cri du coeur et du corps, qui ne peut laisser, dans tous les cas, son lecteur indifférent. D'abord destiné à sa mère, femme noire célibataire brillante qui doit faire son trou universitaire en travaillant d'arrache-pied, avec à la clé une simple bouchée de pain en comparaison de ses collègues masculins blancs, ce cri lui raconte – ainsi qu'à nous, par la même occasion -, de la fin de l'enfance à l'âge adulte, Kiese, dans toutes ses douleurs, dans tous ses doutes, dans toutes ses addictions, mais aussi dans toutes ses joies, dans tous ses espoirs, dans toutes ses réussites.

Et c'est ce Kiese, tout en nuances et en sensibilité, qui nous décrira avec précision les évènements fondateurs de son existence, via une plume d'abord assez hésitante, dont le propos a du mal à paraître clair et réfléchi – l'émotion prime souvent sur la raison -, mais prenant de l'aplomb crescendo, jusqu'à s'affirmer purement et simplement, à la manière de celui qui la tient. de son rapport compliqué à son propre corps, à l'amour, à sa mère – l'éducation qu'elle lui transmet est en elle-même extrêmement compliquée et déroutante -, ou du regard, souvent dépréciatif, qui est encore porté sur les noirs aux Etats-Unis, celui qui parvient, également avec difficulté, à devenir professeur d'université, ne laisse rien de côté et ne mâche pas ses mots, autant pour se raconter, que pour raconter l'Amérique telle qu'il la comprend et la ressent depuis son plus jeune âge. C'est magistral, c'est touchant, c'est une mise à nu sans fard d'une sincérité que l'on sent souvent douloureuse, et c'est pour cela, notamment, que ce récit ne peut laisser indifférent.

Je remercie les éditions Les Escales et NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce récit, très appréciable, en avant-première, sa publication étant prévue pour aujourd'hui.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Il m'a été difficile de rédiger cet avis tant je ne sais que penser de « Balèze » de Kiese Laymon : un roman hors du commun dont je ne saurais pas tout à fait dire si je l'ai aimé ou non.

Dans ce livre autobiographique, l'auteur s'adresse à sa mère et lui dévoile tout ce qu'il n'a jamais osé lui dire en face et qui le ronge depuis son enfance.

Avec « Balèze », Kiese Laymon se penche sur ce que signifie être un jeune adolescent noir dans le sud des Etats Unis, à quel point cette identité a impacté son éducation, ses comportements alimentaires, ses rapports aux autres et à lui-même. Tandis que je m'attendais davantage à une oeuvre militante, c'est finalement une confession d'un fils à sa mère que j'ai trouvé dans ce livre.

Les relations filiales entre Kiese et sa mère sont assez particulières, parfois un peu dérangeantes. Entre amour et maltraitance, on ne sait sur quel pied danser. Sa mère est une femme indépendante et brillante : doctorante, engagée dans les combats politiques noirs, elle témoigne d'un niveau d'exigence particulièrement élevé envers son fils, qui n'a de cesse de vouloir l'impressionner sans jamais se sentir à la hauteur. Chacune de ses rébellions enfantines puis adolescentes se solde par des actes de violence. En dépit de l'amour qu'elle porte à son enfant, cette mère semble incapable de le lui témoigner et de se dévoiler complètement. Par fierté ? par mimétisme éducationnel ? C'est donc dans une quête permanente d'acceptation maternelle que Kiese semble développer une sorte de complexe d'oedipe, qu'en tant qu'enfant, il a bien du mal à comprendre.

Ce mélange explosif de non-dits familiaux occasionne un véritable mal-être chez Kiese qui souffre alors toutes sortes de troubles compulsifs, notamment alimentaires, qui le suivront tel un fardeau jusqu'à sa vie d'adulte.

Au fur et à mesure de son apprentissage de la vie, Kiese construit son identité, fonde ses propres convictions, mène les batailles qui lui tiennent à coeur. Peu à peu, il en vient à remettre en cause les vérités de sa mère qu'il découvre ne pas être universelles. Il se révolte contre l'assimilation qu'elle lui impose : s'exprimer, s'habiller, se comporter comme les blancs américains, se faire parfois invisible : « ne les laisse pas t'abattre en plein vol Kiese ».

Naturellement, la question des discriminations raciales et du rejet social des communautés afro-américaines est présente tout au long du livre de Kiese Laymon. Au lycée, puis à l'université, il est l'un des seuls étudiants noirs de l'établissement. Il est rapidement confronté aux a priori et aux commentaires à caractère raciste des autres élèves et professeurs, tous profondément ancrés dans cette culture sudiste de l'esclavage puis de la ségrégation. Par la suite, alors que Kiese Laymon deviendra, à son tour, professeur d'université, on constate que les injustices ne cessent pas. On s'interroge sur les causes de ce rejet, de cette peur américaine qui fait obstacle à la tolérance et à l'équité auxquels devrait aspirer tous les peuples.

Contrairement à ce à quoi je m'attendais, il s'agit d'un texte très intime. C'est essentiellement de son expérience personnelle dont il s'agit et de sa poursuite d'une certaine acceptation et d'une fierté à être noir en Amérique.

Le style de l'auteur est tout à fait à part, c'est d'ailleurs ce qui rend ce livre inclassifiable. La prose de Kiese Laymon est, en tout cas, percutante et j'ai relevé un certain nombre de très beaux passages.

En bref : Un récit incisif et, je dois l'avouer, un peu perturbant qui traite, en écho d'un vécu personnel, des conséquences économiques et sociales des inégalités raciales aux Etats-Unis. Une émancipation filiale qui se veut aussi être celle envers un pays et ses préjugés.
Lien : https://thecosmicsam.com
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Balèze parle de l'Amérique, du racisme, du quotidien d'un ado noir au Mississipi. Kiese raconte sa vie, sa relation à sa mère, les coups, sa grand-mère attendrissante et forte à la fois, les livres l'écriture, la dépendance remplacée par une autre... C'est incisif, une écriture particulière qui percute à certains moments, s'attendrit à d'autres. Je l'ai vu dans le siuffle de l'auteur. Je vous le recomande.

Merci à #netgalleyfrance et aux éditions Les escales pour ce roman.
#baleze
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n récit puissant, qui montre la violence de la douleur, de l'autodestruction, du dégoût de soi, des problèmes familiaux, des efforts à fournir pour trouver sa place dans une dure société, encore sous le joug des préjugés, mais en évolution.

Le style est incisif, brut, sans répit. Il décrit la violence familiale et externe et l'autodestruction quand on ne s'aime pas. Mais également, les moyens de s'en sortir, grâce aux études, au sport et au travail intérieur, sur soi.

Un récit intéressant qui crie la soif de vivre dans une société tolérante et bienveillante, juste et équitable.

La couverture rouge et noire, fait bien ressentir cet effet de force physique, devenue une puissante force intérieure.

Citations : "Et c'est grâce à tous ses livres, ..., et grâce à toi qui m'as rabaché de lire, relire, écrire et réviser plus que jamais les mots, la ponctuation, les phrases, les paragraphes, les chapitres et les espaces blancs qui m'intimideraient."
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Il écrit ce livre à sa mère et s'adresse à elle tout du long. Il lui raconte la vie d'un jeune homme noir aux Etats-Unis, obligé de subir un système qu'il n'accepte pas, meurtri par une enfance dans ce système, par une mère elle-même meurtrie et par ce qu'il voit, expérimente et subi.

Il parle de son problème de poids depuis l'enfance, une manière de se punir. Sans s'en rendre compte, il est devenu balèze. Puis de ses addictions au jeu.

Il évoque la hiérarchie sociale encore actuelle selon la race et le sexe. En tant qu'homme noir il est au-dessous des Blancs et constate que les femmes noires sont encore en-dessous, ce qui lui donnera envie de se battre pour elles en devenant féministe. Car il a assisté aux violences sexuelles qu'elles subissent.

Les Etats-Unis est un pays libre, où les habitants ont des droits, où il est possible d'avoir une liberté d'expression, mais où l'égalité n'existe pas encore car une tranche entière de sa population ne bénéficie pas des mêmes droits.

Être noir ou non y est une identité, il semble presque impossible de s'en défaire. Impossible de parler de lui sans que ce soit au centre de tout, peu importe le milieu dans lequel il vit, peu importe le Sud ou le Nord. En tant qu'homme noir balèze il effraie malgré lui et doit faire attention.

Un récit marquant d'un fils à sa mère. Elle n'a pas été parfaite mais elle a fait ce qu'elle a pu dans un pays qui limite les droits d'une partie de sa population malgré sa modernité. Il y raconte comment des comportements que certains jugent "normaux" peuvent détruire. le récit d'un pays secoué par le racisme et d'un petit garçon devenu homme dans ce milieu. Dans une écriture poétique et élégante.
Lien : http://blondes-and-litterair..
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Dans le récit autobiographique qu'il adresse à sa mère, Kiese Laymon relate son adolescence dans le Mississippi jusqu'à son arrivée à New York, en tant qu'universitaire puis comme prof de lettres. C'est la confession d'un fils à la doctorante engagée dans les combats politiques qui lui achète des encyclopédies "pour le protéger des Blancs ". Evoquant cette mère divorcée aussi brillante que sévère, Laymon retrace les coups distribués par celle qui avait faim de victoires noires.
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En découvrant le résumé je m'attendais à lire un témoignage sur la condition des noirs américains vivant dans les États du Sud des États-Unis.
Ce livre se rapproche plutôt d'une autobiographie, voire d'une longue lettre écrite par l'auteur à l'intention de sa mère afin d'exprimer toues les choses qu'il n'a pas pu lui dire en face au cours des longues années de son enfance puis de son adolescence.

Vivant avec une mère célibataire complètement obnubilée par sa carrière de scientifique, Kiese est très tôt livré à lui même et confronté à toutes les violences possibles – drogue, racisme, violences sexuelles, violences physiques.

A la violence de la société dans laquelle il gravite s'ajoute la violence de sa mère qui ne lui épargne rien allant de la violence physique jusqu'à violence et la maltraitance psychique.
Car bien qu'elle soit une intellectuelle brillante et reconnue dans son milieu elle n'est pas moins addict au jeux avec toutes les conséquences que cela implique.

Kiese, qui enfant bénéficie rarement d'un repas digne de ce nom, pèse à douze ans plus de cent kilos.
La rage et le désespoir qui s'emparent de lui lorsqu'une fois de plus il est confronté à la stigmatisation et aux discriminations seront aussi celles qui le pousseront à trouver l'énergie dont il aura besoin pour s'en sortir.

Mais que valent ses efforts au regard d'une société remplie de préjugés ?

Constamment renvoyé à son passé, dans quelle mesure peut-il lui échapper ?

Je remercie Netgalley France pour cette lecture.
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Balèze, c'est un roman autobiographique qui surprend. C'est un cri, une lettre, un témoignage écrit à destination de la mère de l'auteur. C'est puissant, perturbant. Au fil de la lecture on remet beaucoup de choses en questions. On se pose des questions. Puis on apprend, en étant immergé dans la vie de Kiese, garçon noir et obèse, fils d'une femme noire cultivée, mais qui galère pourtant.
Ce roman est le témoignage poignant d'une société américaine violente, qui rend fragile toute une population noire.
Le texte très intime m'a laissée longtemps sur le côté. Je ne me sentais pas visée. Mais, en avançant j'ai été touchée, happée, et ce cri du coeur m'a vraiment émue.
Un très beau roman, intime. Un beau récit d'émancipation filiale, écrit avec les tripes dans un style incisif qui claque !
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Pour écrire vrai, sur la culpabilité, le sexe, la violence envers les filles, les troubles obsessionnels , Laymon creuse les stigmates d'une recherche pour parvenirà plaire sans mentir. Dans le sud des Etats-Unis, tabassé par les injustices, il déploie une prose combat habitée par la colère et la poésie, à vif.
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