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Critique de Wazlib


"Je suis ta nuit" est un roman de fantastique et d'horreur, écrit par Loïc le Borgne et publié en 2008 chez Intervista et réédité chez ActuSF l'année dernière. On suit l'histoire de Pierre et sa bande de copains, jeunes ados profitant de leur Bretagne natale dans les années 80. Lorsqu'ils découvrent un cadavre, particulièrement malmené, leur vie va basculer tandis que des phénomènes étranges de plus en plus inquiétant gagnent en intensité. Ils vont rapidement soupçonner la présence d'une entité malfaisante, le bien nommé "Bonhomme Nuit", qui ne compte pas laisser ces enfants un peu trop curieux indemnes.

Dans un premier temps, clarifions ceci: on est bien, bien loin d'une littérature jeunesse. le récit est bien souvent cruel et malheureusement, les enfants vont morfler (mais alors, sévère). C'est bien, au même titre que le narrateur, d'un oeil adulte qu'on décryptera les évènements. Néanmoins, on retrouvera rapidement les quelques extases de l'enfance dans ces pages: mentionnons la capacité à gagner des guerres imaginaires avec des bouts de bois ou encore la sensation de toute puissance créée par une bande d'amis.

Ensuite, vous le savez peut-être si vous m'avez déjà lu, je ne peux m'empêcher d'établir des parallèles avec des romans que j'ai déjà croisés. Si la procédure est parfois un peu vaine (j'essaie alors de me freiner), il s'avère décidément très difficile de ne pas se prêter au jeu ici. "Je suis la nuit" est un hommage trèèèèès appuyé à "Ca". Sans vous spoiler, tous les éléments sont ici présents. La bande d'enfants, la créature malfaisante incarnant le mal absolu venant déranger le calme bucolique d'une petite ville bretonne, le pouvoir de l'imagination face aux peurs les plus profondes, l'amitié, la nostalgie... Evidemment, le cadre est différent et on pourra toujours trouver des points de divergence, mais sincèrement on est en plein dedans. Vraiment (et je ne dis pas ça que parce qu'on parle d'enfant face à un monstre).
En soit, j'ai adoré "Ca". On ne peut pas dire qu'une revisite à la française me déplaise dans l'idée. Mais la difficulté, quand on livre une oeuvre aussi référencée que "Je suis ta nuit", c'est qu'on peut vite souffrir de la comparaison. "Ca" est un mastodonte, sorte d'ouvrage ultime de l'enfance face à l'horreur, et notre ouvrage du jour fait malheureusement pâle figure à côté. J'ai bien essayé d'arrêter de le comparer, mais la lecture m'y ramenait systématiquement.

"Je suis ta nuit" est pourtant un bon roman. "Divertissant", puisqu'il nous livre quelques jolis frissons de plaisir et de peur, et qu'il est bien écrit. Aisée sera votre lecture: c'est agréable et les pages se tournent à une vitesse folle. La première partie du roman s'avère être la vraie réussite et engage définitivement le lecteur. La deuxième moitié souffre déjà de défauts plus pregnants.
Le principal fut pour moi l'aspect un peu vain de la manoeuvre. le "Bonhomme Nuit", tout au long du livre, sort un peu du chapeau (vous comprendrez la blague une fois le roman lu). On a du mal à comprendre ce qu'est cette créature et ce qui la motive, et on suit donc un scénario de film d'horreur ultra-classique avec une némésis floue ne servant qu'à mettre en difficulté nos protagonistes. Ce n'est, de façon évidente, pas la volonté de Loïc le Borgne qui vient dans les dernières pages nous offrir (enfin) un vrai point d'attache, une clé de compréhension de cette bascule dans l'horreur. Evidemment, pour des raisons de suspens, certaines révélations ne peuvent être faites plus précocément. C'est pourtant un peu dommageable en cours de lecture.
Dans un deuxième temps, je n'ai pas été très emballé par la fin du livre. Un peu brouillonne et décousue, elle contraste avec un incipit tambour battant excitant.

Encore une fois, "Je suis ta nuit" n'est pas un mauvais roman. C'est juste, à mes yeux, un roman qui manque un peu d'aboutissement. Il manque un liant qui permettrait de battre le lecteur tant qu'il est chaud (eh oui). C'est franchement agréable à lire et plein de qualités, mais ça ne restera pas gravé dans ma mémoire. A l'inverse de "Ca", donc.
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