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Critique de GeorgesSmiley


1967, à Bonn, l'ambassade de Grande Bretagne retient son souffle. Les consignes étaient pourtant claires et strictes : ménager le gouvernement allemand et ne rien faire qui puisse lui déplaire car la Grande Bretagne tente de rejoindre le Marché Commun en dépit de la ferme opposition de la France de De Gaulle. Obtenir et préserver l'appui de la République Fédérale d'Allemagne est donc crucial. Mais, même en Allemagne, il y a des opposants. Ils se sont trouvé un leader charismatique qui fédère agriculteurs, étudiants et beaucoup d'autres mécontents qui manifestent violemment contre les intérêts anglais. C'est le moment qu'un modeste diplomate (un subalterne, presqu'insignifiant, un intérimaire en quelque sorte) choisit pour disparaitre avec des dossiers confidentiels. Cela devient vraiment très fâcheux, comme on dit dans le langage diplomatique, lorsqu'il apparait qu'un de ces dossiers était classifié ultra secret.
Au-delà de l'intrigue et d'un suspens entretenu jusqu'à la dernière page, ce roman est, comme souvent chez le Carré, le prétexte à interrogations multiples sur : la démocratie et ses accommodements, la vérité et ses zones d'ombre, la justice et ses limites, l'histoire et sa mythologie, le pouvoir et sa corruption. La caste du Foreign Office a toujours autant de suffisance et de morgue vis-à-vis de ceux qui ne sont que des supplétifs. Il est bien seul, le petit espion. Qu'a-t-il emporté, qu'a-t-il vu qu'il n'aurait pas du voir et surtout que va-t-il en faire ? Est-il passé chez les Russes ? Pourquoi fait-il aussi peur aux Anglais qu'aux Allemands ? Que représente donc Bonn, cette « Petite Ville en Allemagne » ? Une nouvelle Allemagne lavée de toutes ses impuretés, un allié indéfectible de l'Ouest, l'assurance de « plus jamais ça » ou la tentation de s'opposer à l'ennemi héréditaire en s'alliant à l'Est ? A voir, en lisant ce remarquable roman. Cinquante ans d'âge et toujours aussi pertinent, le désenchantement reste le même, le cynisme des uns se nourrissant de l'apathie des autres pour condamner l'homme qui se voudrait libre.
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